Rome ou l'altérité incluse

Façons romaines de faire le Grec

1Sous ce titre un rien facétieux les chercheurs du Centre Louis Gernet (historiens de Rome et de la Grèce anciennes) avaient décidé d’engager pour deux ans une étude sur les relations interculturelles dans l’espace gréco-romain. Le point de départ avait été l’existence à Rome d’un certain nombre de pratiques culturelles que les Romains désignaient comme grecques mais que les Grecs considéraient comme romaines. Au bout d’un an l’examen des faits nous a conduits à critiquer et à redéfinir la problématique de départ. Certaines catégories comme l’interculturalité ou le métissage, l’identité et l’altérité se sont révélées inopérantes ou devant être critiquées et redéfinies. Il a fallu inventer et c’est ainsi que nous proposons aujourd’hui la notion d’altérité incluse.

2C’est donc une réflexion à mi-parcours que nous présentons ici. Cette présentation est une synthèse élaborée à partir de différentes études exposées au cours du séminaire sans en conserver tout le détail argumentatif ni l’apparat bibliographique mais en privilégiant les faits majeurs ayant valeur d’exemples ou de preuves [1]. Il nous a semblé, en effet, utile de publier une synthèse, même provisoire, des travaux de l’année dans la mesure où cette critique des catégories à l’épreuve de l’histoire ancienne dépassait le cadre de l’antiquité et pouvait avoir un écho contemporain dans le champ plus vaste des cultural studies. Quitte l’année prochaine à procéder à de nouvelles réévaluations.

Critique des notions de métissage et d’interculturalité, d’altérité et d’identité

3Les deux premières notions – métissage et interculturalité – présupposent la mise en contact, parfois brutale, de deux identités culturelles déjà constituées entre lesquelles se produisent des échanges et des mélanges [2]. Chaque culture est considérée comme totalement autre et souvent pure de toute histoire commune avec l’autre, comme lors de la rencontre des conquérants chrétiens et du Nouveau Monde. Cette façon de voir présuppose aussi l’existence préalable d’une forme de symétrie, c’est-à-dire d’espaces d’intersection où va se faire l’hybridation.

4Peut-on appliquer à l’antiquité les notions de métissage et d’interculturalité, dans le cas particulier de la Rome et de la Grèce ? De prime abord cela semblait possible. Après tout Rome n’avait-elle pas conquis militairement la Grèce comme les Espagnols, le Nouveau Monde, en intégrant de force les vaincus dans son empire ? N’y avait-il pas eu alors un métissage des deux cultures et des phénomènes d’interculturalité ? Après les études sur la résistance des provinces à la romanisation et à l’acculturation [3] qui célébraient Vercingétorix ou Jugurtha, n’était-il pas temps de regarder comment une autre civilisation était née, la civilisation gréco-romaine ? En effet, même dans les publications les plus récentes, c’est encore la résistance à l’acculturation qui est l’objet d’étude privilégié quand il s’agit de parler des Grecs conquis par Rome et intégrés à l’empire [4].

5La question semblait nouvelle. On constate rapidement qu’il n’en est rien. Il y a longtemps que les historiens modernes se sont intéressés à ce qu’ils appellent « l’hellénisation de Rome », même s’ils ne parlent pas de métissage ou d’interculturalité [5]. Mais ils avaient travaillé avec les mêmes présupposés que les historiens de la résistance : certes l’un ou l’autre peut nuancer son propos, mais tous postulent un face à face entre Rome et la Grèce. Or ce sont ces présupposés qu’une approche anthropologique de la Rome antique et des cités grecques amène à remettre en question. Tout au long du séminaire nous avons vu les notions de métissage, d’identité, d’altérité, ou encore d’interculturalité se défaire à l’examen des faits linguistiques, culturels et historiques. Nous ne rencontrions ni métissage ni interculturalité. Rome était à la fois romaine et grecque, et romaine parce que grecque. La Grèce ne fut jamais plus grecque que sous l’Empire romain même si cette « grécité » était l’invention des vainqueurs. Très vite nous nous sommes même posé la question : « Et Si Rome avait inventé la Grèce ? »

6Bien qu’elles soient sans cesse utilisées les notions d’identité et d’altérité n’ont pas plus de consistance que les deux précédentes. La chanson du Même et de l’Autre est devenue souvent le refrain convenu d’une anthropologie historique tendant à réifier ses catégories d’analyse.

7Le terme d’altérité ne prend sens que dans une langue qui distingue le pluriel du duel. Le latin fait cette distinction puisqu’il dispose, à la différence du français, de deux façons pour dire l’autre. Alter s’oppose à alter au sein d’une paire englobée par le pronom uterque, tandis qu’alius, alius, alius… s’opposent à unus pour dire la multiplicité opposée à l’unicité. Or c’est sur alter et non sur alius que le terme français « altérité » est formé. L’autre désigné par la notion d’altérité est donc défini par une différence, un contraste, présupposant d’abord une ressemblance. Les notions d’identité et d’altérité fonctionnent donc comme un langage binaire de classification, système de représentation qui appartient au latin comme au grec qui possèdent, certes à un degré différent, la notion de duel. (Remarquons que le duel n’est employé que pour des couples culturels : magistrats, adversaires affrontés dans un duel, paire d’animaux attelés, etc.) C’est uniquement en ce sens ancien que nous allons donc utiliser le terme d’altérité.

8Par conséquent parler d’altérité n’est légitime qu’à condition de l’appliquer à deux objets déjà liés par une ressemblance comme deux cités grecques, ou deux royaumes barbares. Athènes et Sparte sont comparables, le royaume perse et le royaume d’Egypte sont comparables, en revanche on ne peut pas comparer Athènes et l’Egypte. L’altérité comme l’identité sont des notions classificatoires qui ne peuvent prétendre à aucune réalité ontologique. Avec ce qui est trop éloigné on ne peut pas établir un lien d’altérité faute d’un minimum d’identité première. Il n’y a d’alter que s’il y a de l’uterque, de « l’autre » que s’il y a de « l’un et l’autre ». Par conséquent l’identité n’est pas séparable de l’altérité, elle n’est pas le propre d’une culture qui se définirait de l’intérieur. Nous verrons ainsi que Rome ne peut être Rome que parce qu’elle est à la fois grecque et non grecque ou étrusque et non étrusque. Rome et la Grèce vont constituer à elles deux une catégorie englobante, que l’on peut appeler « la culture civilisée », à l’intérieur de laquelle elles vont s’opposer, Rome étant du côté de la guerre et des institutions politiques, la Grèce étant du côté du plaisir et des loisirs artistiques. Cependant pour créer cette catégorie englobante nous verrons que Rome est obligée d’inventer une Grèce qui n’existait pas auparavant, dans la mesure où, si les cités grecques ont pu percevoir Rome comme un cité semblable à elles, Rome ne se pensait pas sur leur modèle, elle affirmait d’emblée un écart supplémentaire fondé sans doute sur une pratique différente de la guerre ; car les Romains sont des conquérants de territoire, ce que ne sont pas les cités grecques.

9Mais il va de soi que la Grèce dans son altérité est présente au sein de la civilisation romaine, une Grèce autre et englobée, constitutive de la romanité. Les Romains banquètent, font de la poésie et dansent. Dans l’empire romain qui a intégré les territoires habités par des Grecs au sein des provinces orientales, la population hellénisée, comme on le verra, se doit d’assumer cette part d’altérité englobée, en s’adonnant aux activités désormais identitaires des Grecs : la rhétorique et la gymnastique dans des concours panhelléniques. C’est le temps où Rome n’aura plus d’altérité extérieure à laquelle s’opposer pour se poser, quand les frontières de l’imperium auront été repoussées aux confins du monde civilisé, quand seules les attaques des barbares nomades exigeront encore des garnisons romaines sur le limes ; Rome ne rencontrera jamais ces ennemis de face, insaisissables, aussi inaccessibles à l’esprit qu’à l’épée, trop autres pour constituer l’autre de Rome. C’est donc à l’intérieur de l’imperium que va se développer l’altérité nécessaire à l’affirmation de l’identité romaine. Mais sans que cette altérité de l’intérieur ne cause de conflits identitaires. Si un discours de mépris à l’égard des « Orientaux » est présent chez les poètes « vieux romains » comme Juvénal, ce discours sert à constituer l’altérité des Romains d’Orient et non à la dénoncer ; car, comme on le verra, ces orientaux prétendument bigarrés, débauchés et hurleurs, sont aussi représentés dans les arts plastiques comme des Romains en toge, parfaitement intégrés.

Le latin et le grec : deux langues jumelles [6]

10Le premier objet qui s’est évanoui dès le début du travail fut rien moins que la Grèce elle-même. Le couple Rome et la Grèce n’avait pas de réalité historique. Si Rome est bien une cité et donc a bien existé en revanche, qu’est-ce que la Grèce ? Les anciens Grecs vivaient en cité et chacune était ce qu’on appelle aujourd’hui un état-nation, autonome avec sa langue, ses lois, sa religion et sa culture propres. Des guerres permanentes réactivent cette autonomie, cette liberté revendiquée par chaque cité. Même quand il s’agit de s’opposer aux Perses, les cités grecques sont divisées. La Grèce n’est ni un territoire, ni une nation. Certes il existe des fêtes qui rassemblent les citoyens des différentes cités comme les jeux athlétiques. Ces fêtes construisent une identité commune, le panhellénisme dont les contours restent cependant flous. Qui est grec ? Qui ne l’est pas ? Les poètes produisent des fictions comme la Théogonie d’Hésiode qui présente un panthéon appartenant à tous et à personne, dans une langue artificielle que personne ne parle. Il est difficile de définir à l’âge classique une identité grecque. La situation va encore s’aggraver après les conquêtes d’Alexandre. L’historiographie moderne a inventé le terme d’hellénistique pour parler des différentes cités ou royaumes fondés par Alexandre et ses successeurs où vivent des populations plus ou moins hellénisées, comme les Egyptiens aux temps ptolémaïques, l’Illyrie et toute l’Asie Mineure.

11Certes les Romains parlent des Grecs « Graeci ». Mais le terme latin graecus n’est pas d’origine grecque, il n’est pas latin non plus et il est intraduisible en grec. Il a sans cloute été emprunté à l’osque, une langue italique, et désigne une réalité construite par les Italiens du Sud, au contact des colonies grecques [7]. Est grec celui qui parle « grec », mais quel grec ? A quoi réfère cette lingua graeca parlée par personne ? Les cités grecques de l’Italie du sud parlaient des dialectes doriens. Il s’agit donc d’un modèle philologique construit qu’on retrouvera dans les traités des philologues à partir du grec attique. Si l’on regarde comment l’une ou l’autre cité considère la langue latine que constate-t-on ? Les Romains parleraient un dialecte éolien. En un sens ils parleraient « grec ».

12Pour les philologues romains le latin n’est pas un dialecte éolien. Face à cette fiction, le grec, ils posent le latin. Ils isolent ainsi les deux langues, utraque lingua, les deux seules vraies langues, constituant les deux faces d’une même et seule langue civilisée c’est-à-dire susceptible d’une analyse linguistique. Les autres langages ne sont que bruits et grondements. Ainsi les Romains posent l’existence d’une langue grecque, précédés en cela par les philologues d’Alexandrie qui en avaient inventé la grammaire, afin de décrire au moyen de la même grammaire leur propre langue. Le latin est ainsi le même et l’autre du grec. Avec cette différence que le latin est la langue de la cité de Rome et que le grec décrit par les grammaires grecques n’a d’autre existence que théorique.

Faire le grec : graecari, pergraecari

13À partir de l’adjectif graecus les Romains forment un verbe déponent graecari et des dérivés pergraecari et congraecari. Graecari a deux formes d’emploi. Soit il désigne le fait de parler grec, soit il désigne un comportement « à la grecque ». C’est ce dernier sens que l’on retrouve dans les deux composés. Plus précisément les contextes montrent que ce « comportement à la grecque » consiste à s’adonner aux délices du banquet : le plaisir de la table, le vin, les amours faciles, le chant et la danse, bref ce que les Romains appellent la mollitia, l’abandon voluptueux du corps et de l’âme et qu’ils tiennent comme caractéristique des Grecs. Mais cette mollitia n’est pas étrangère à la culture romaine, elle appartient de plein droit à ce temps du loisir, otium, qui doit équilibrer le temps de l’activité civique, negotium et celui de la guerre, bellum. Donc en faisant le Grec, les banqueteurs romains n’enfreignent aucune norme identitaire, bien au contraire, mais ce comportement voluptueux est marqué d’une forme d’altérité. S’ils s’adonnent excessivement aux plaisirs du banquet ou s’ils ne les compensent pas par une activité civique et militaire, alors ils se comportent comme des Grecs, ils sont qualifiés de grecs et cet adjectif prend une valeur péjorative et étrangère.

14Ainsi l’adjectif graecus est soit un ethnonyme imaginaire qui englobe les citoyens des diverses cités que nous appelons grecques mais qui chacune se définissait comme Athènes, Corinthe, Marseille, etc., soit il disqualifie un Romain dont le comportement immoral fait un étranger, soit il désigne une pratique romaine identitaire. On voit donc se dessiner ici, dans l’espace romain de l’otium, une collusion et un échange entre identité et altérité.

15Le phénomène ne se limita pas au terme graecus ; dans le vocabulaire du banquet romain nombreux sont les termes qui révèlent cette même ambivalence, tantôt désignant une pratique proprement romaine, tantôt en signalant l’altérité. Par exemple le substantif comissatio et le verbe commissare, que l’on traduira, pour simplifier, par « banquet » et « banqueter », sont des mots latins par leurs suffixes en -issatio et -issare, mais formés à partir d’un verbe grec kômazein. Ce dernier ne signifie pas « banqueter » mais renvoie à une pratique strictement grecque et ignorée des Romains, celle du kômos, qui consiste pour les jeunes gens à faire la fête dans les rues en se rendant d’un banquet à un autre. Or la comissatio romaine est soit un banquet romain ordinaire –appelé le plus souvent cena – soit un banquet d’un genre particulier où les Romains imitent les Grecs en ne faisant que boire alors que traditionnellement les Romains, au banquet, boivent et mangent simultanément. Ainsi le signifiant grec -kôm sert à marquer comme plus grecque une pratique qui n’est que romaine et sans référer directement au signifié du kômos. Mais parfois les historiens latins, quand ils parlent d’un vrai kômos ayant eu lieu dans une cité « grecque », utilisent le terme comissatio. On retrouve ici les trois usages que nous avions relevés pour graecari : l’altérité descriptive et externe, l’altérité culturelle et interne, l’identité romaine.

16On peut ainsi dès maintenant formuler la notion d’altérité incluse afin de rendre compte de ce processus où identité et altérité apparaissent comme des notions relatives et se redéfinissant mutuellement sans cesse.

La palestre, le gymnase et les thermes [8]

17Le gymnase hellénistique, associé à la palestre, stade à ciel ouvert, était l’espace de la paideia, c’est-à-dire de l’éducation des jeunes citoyens, fondée sur la transmission des valeurs civiques et la reproduction sociale des élites. Dans ce centre de la vie éphèbique, les jeunes garçons apprennent à devenir des soldats et des orateurs, recevant une double formation athlétique et intellectuelle. La nudité du corps caractérisait cet espace, d’où son nom de gymnase. Cette nudité des jeunes corps masculins en mouvement suscitait le désir des autres hommes de sorte que souvent des relations érotiques se nouaient entre eux, récupérées par la paideia et qui contribuaient à la transmission des valeurs aristocratiques par l’aîné au plus jeune. C’est pourquoi la palestre et le gymnase sont par excellence l’espace de la pédérastie, le tout formant un système cohérent propre aux cités grecques. En effet, vues de Rome, ces cités toutes culturellement et politiquement différentes et possédant une identité propre, sans cesse réaffirmée, ont en commun la paideia et ce qu’elle implique. D’autant que la culture hellénistique a propagé dans toutes les cités fondées par Alexandre et ses successeurs ce type d’éducation comme le seul accès possible à la culture des vainqueurs. Ainsi la « grécité » dont Rome a besoin pour construire et affirmer la « romanité, » va se construire de l’extérieur, autour de la paideia et son corollaire, la pédérastie.

18Mais Rome qui se veut englobée dans l’hellénisme ne peut s’abstraire de toute paideia, de cette éducation à la grecque dont elle refuse la composante pédérastique et l’érotisation des corps mais qu’elle doit cependant accueillir. Cet accueil s’est réalisé sous deux modes, chacun correspondant à une partie de la paideia, en évitant soigneusement ce qui est le point de rupture absolu, la pédérastie pédagogique. Dans Rome, « cité des pères », la transmission du modèle civique et la reproduction sociale ne se font que dans le cadre de la famille, de la génération des pères à la génération des fils. D’autres hommes adultes, étrangers à la famille, ne sauraient interférer dans l’éducation des jeunes gens avant qu’ils ne prennent la toge virile. L’acculturation romaine de la paideia a donc brisé en deux ce système d’éducation : d’un côté les riches Romains cultivés, comme Cicéron, se font construire des gymnases, dans leurs villae du Latium, où ils ne se livreront qu’aux débats philosophiques ornant leurs loisirs amicaux, de l’autre côté les mêmes édifient des établissements de bain, dotés d’une palestre, à leur usage personnel avant que les empereurs offrent des édifices semblables, mais aux dimensions gigantesques, au peuple de Rome. Ces bains le plus souvent appelés « thermae » n’ont aucune vocation à être un espace de transmission des valeurs romaines ; au contraire, ces espaces de plaisir où les Romains se dénudent, sont toujours des lieux dangereux pour leur moralité.

19Le déplacement terminologique, le gymnase devient des bains, « balneum/balneae » ou des thermes « thermae », va de pair avec une évolution formelle des édifices. Les premiers bains romains se situent au 3e siècle à Stabies. Leur structure inverse celle des gymnases grecs. L’essentiel de l’édifice est consacré aux bains, la palestre désigne une cour à ciel ouvert attenante.

20Le gymnase grec ne pouvait être adopté tel quel par les Romains pour servir de cadre à la formation miliaire des jeunes gens car il est en contradiction avec le but proposé. Les exercices athlétiques ne peuvent être qu’une « militia leuis », comme dit Cicéron à cause de la nudité athlétique. L’irruption du désir dans un temps voué à l’effort, au labor, paralyse des corps qui doivent afficher leur pudor et entraîne le risque de stuprum, compromettant à jamais leur masculinité et donc leur avenir de citoyen. La nudité est toujours pour les Romains une provocation au désir ; c’est une évidence culturelle. Être nu, c’est être privé de la protection du vêtement, la toge ou la cuirasse, qui signale le statut social de celui qui le porte. Un corps nu est socialement illisible, il ne peut qu’afficher son malaise, voire sa honte.

21Alors pourquoi les Romains ont-ils construit des gymnases et des bains ? Le comportement de Scipion en Sicile est sur ce point exemplaire. Préparant son armée en vue de la conquête de Carthage, il fréquente le gymnase en sandales et en tunique. Mais il ne le fait qu’après avoir « amplement et longuement fatigué ses bras, lorsqu’il avait contraint tout le reste de son corps à prouver sa fermeté par des exercices militaires ». Ensuite il va se délasser au gymnase grec. Revêtu d’une tunique, il n’y vient pas pour des exercices athlétiques mais pour des divertissements intellectuels qui appartiennent à l’otium. Pour lui le gymnase, bien loin d’être le lieu de l’identité civique, est au contraire celui où Scipion, son devoir de citoyen accompli, peut jouer à faire le Grec. Valère Maxime qui raconte l’anecdote, libère le gymnase grec de sa fonction pédagogique et de ses dérives érotiques, en le réduisant à une activité de loisir. Il légitime ainsi la fréquentation du gymnase par un général romain, capable de s’y divertir sans s’y corrompre.

22Ce changement de fonction du gymnase justifie la transformation architecturale que lui imposent les Romains. « La réduction en peau de chagrin de la palestre à une simple cour attenante aux bains, lisible dans les différents états romains des thermes de Stabies, procède probablement de cette attitude. La schématisation, en Italie, des agencements de plein air complexes qui caractérisaient les gymnases hellénistiques et leur constriction dans l’espace traduisent un projet identitaire, celui de ne pas importer telle quelle une structure aux connotations disqualifiantes ». [9]

23L’usage des bains, grâce aux dotations somptuaires des nobles romains puis des empereurs, devient un privilège des habitants de Rome et par là une marque identitaire de la citoyenneté. Il appartient aux plaisirs de l’urbanitas, de la vie en Ville. Privilège civique et quasi politique. Renversement paradoxal. Néanmoins ces plaisirs continuent à relever de l’altérité incluse : la nudité est toujours périlleuse et grecque, elle impose aux baigneurs une attitude réservée uerecundia. Ces bains sont des espaces voluptueux où toutes les techniques architecturales sont mises au service du plaisir, en particulier celles qui permettent la sudation, d’où leur nom de thermae.

24En Grèce le gymnase va subir l’influence romaine. L’immoralité s’insinue dans ces bains où désormais hommes et femmes se baignent ensemble. On passe ainsi d’une pédagogie de la vertu à une initiation aux plaisirs. Façon grecque de faire le Romain.

25Faisant le Grec à Rome pour se poser comme Romains, les citoyens de l’Empire risquent toujours de basculer dans la mollitia grecque et de perdre cette fermeté qui a fait d’eux les conquérants du monde. Ce basculement de l’identité à l’altérité est le propre de l’altérité incluse. La mutation architecturale du gymnase grec en thermes romains traduit cette ambivalence des bains. En supprimant le spectacle des corps nus en mouvement, car seul le mouvement suscite le désir, pour ne conserver qu’une nudité embarrassée et immobilisée, les Romains laissent sa part à la nudité grecque en tentant de la désérotiser.

Quand les Grecs font le Grec pour être plus romains [10]

26Aristos Hêllenôn, « le meilleur des Grecs » ou encore « le Grec exemplaire », ce titre accordé aux vainqueurs des jeux sous l’Empire romain, bien loin d’être un brevet du refus de l’acculturation est au contraire la reconnaissance de l’excellence d’un Grec sous domination romaine dans les premiers siècles de n. è. Démocratias, originaire de Sparte, vainqueur aux Eleuthéria de Platées est un de ces Grecs exemplaires. Ces Eleutheria ou Jeux de la Liberté ont été fondés à Platées en 438 avant n. è. pour commémorer la victoire des alliés grecs contre les Perses. Ces jeux restèrent un rituel de propagande anti-perse. On pourrait croire que la popularité de ces jeux sous l’Empire romain tenait à ce qu’ils étaient un foyer de résistance à la domination romaine. En fait il n’en est rien. Certes Marathon et Platées sont bien les hauts lieux de la mémoire des libertés grecques mais les jeux panhelléniques qui s’y déroulent sont le moyen pour les Romains de donner une forme concrète à cette Grèce imaginaire, cette communauté linguistique et culturelle qu’ils ont besoin de poser pour s’y opposer.

27De fait, les empereurs favorisent de toutes les façons le développement de l’hellénisme, de la grécité, comme une identité nécessaire à l’affirmation de l’identité romaine. Ils se proclament les héritiers d’une Grèce qui commence avec Homère et à laquelle ils auraient rendu la liberté.

28Au cours des trois premiers siècles de n. è. la littérature grecque se développe. Pendant la période appelée la seconde sophistique il s’écrit cinq fois plus de textes littéraires en langue grecque que dans les périodes précédentes. On a parlé d’une Renaissance grecque. Aelius Aristide se proclame le nouvel Homère et reçoit le titre de « meilleur des Grecs », aristos Hêllenôn. La littérature est intégrée par des concours d’éloquence aux jeux panhelléniques et devient, à côté des concours sportifs, la pratique par excellence des Grecs. Rome protège cette identité grecque fondée sur une tradition agonistique ignorée des Romains, qui conjoint la culture intellectuelle et les exercices sportifs. Rome promeut ainsi la Grèce éternelle d’Homère et de Démosthène. Cette Grèce systématiquement non romaine, qui est aussi la Grèce de la palestre et de la pédérastie, exhibe un archaïsme construit aussi bien en ce qui concerne la langue des orateurs que les sujets traités. Il n’est question que des guerres médiques et des héros d’Homère. On y célèbre sans fin la victoire sur le Grand Roi et le modèle de référence des jeux athlétiques sont les jeux funèbres en l’honneur de Patrocle, il n’est jamais question ni d’Alexandre ni de Rome. La langue utilisée est du pur attique, pour ne pas dire du néo-attique, n’ayant rien à voir avec le grec parlé dans l’Orient méditerranéen qui est la koinè hellénistique. Comme si tout s’était arrêté au lendemain de Salamine.

29La Grèce des Romains se replie sur son passé qu’elle célèbre sans fin. Le géographe Pausanias parcourt les anciens territoires des cités sans jamais parler des monuments romains qui s’y trouvent, il ne les voit pas. Refermée sur elle-même, cette Grèce des jeux panhelléniques accueille fort peu d’étrangers car l’accès était un brevet d’hellénité. À part Philippe et Alexandre, l’origine des vainqueurs reste limitée aux anciennes cités de l’Orient méditerranéen. Seuls quelques empereurs ou membres de la famille impériale y participèrent et encore seulement, si l’on excepte Néron, dans le cadre de la course de chars. Tibère et Germanicus vainquirent en 26 et 27. L’idéologie agonistique ne pouvait respecter l’idéologie impériale faisant du prince un éternel vainqueur. Inversement les Grecs dédient à Rome de nombreux jeux. En 32 les Lyciens créent les Romania et on verra fleurir dans les provinces des Severiana et des Hadriana pour célébrer l’amitié de Rome et des Grecs. Allant plus loin, Hadrien intègre à son programme de refondation d’Athènes comme capitale de l’hellénisme, des jeux intitulés Panhellenia. Ils doivent servir de cadre à la constitution d’un koinon panhellenique, une communauté grecque, ce qui donnerait enfin une réalité institutionnelle à la Grèce. Participer à ce programme, c’est, pour les Grecs, affirmer sa loyauté envers Rome. L’aristos Hêllenôn est un supporter de la politique impériale. Figure par excellence d’une Grèce toujours plus grecque, l’aristos Hêllenôn, athlète ou rhéteur, assure la présence de l’altérité grecque au sein de l’empire romain.

30À cette période, sous le règne d’Hadrien, un écrivain grec, Plutarque dans les Vies parallèles puis dans les Questions grecques et les Questions romaines donne une forme littéraire à cette identité/altérité qui lie Rome et la Grèce. À chaque grand homme de l’histoire grecque, il fait correspondre un grand homme de l’histoire romaine et inversement dessine dans les Questions les points de rupture entre Rome et la Grèce, qui suscitent l’étonnement et le questionnement du point de vue des uns sur les autres, et des autres sur les uns.

La double altérité des Orientaux de l’Empire [11]

31Les populations orientales de l’Empire romain, les Egyptiens, les Juifs et les Syriens ont-ils assumé des figures d’une altérité radicale et inassimilable ? On pourrait le croire si on s’en tenait aux documents littéraires. Des textes de Tacite, de Juvénal et plus tard ceux de l’Histoire Auguste leur appliquent toutes les marques d’une étrangeté toujours négative [12]. Ils sont incestueux, anthropophages, efféminés, menteurs, cruels, serviles, etc. Mais l’imaginaire de Rome n’est pas réductible à la seule littérature et d’autres modes de représentation comme l’iconographie et l’épigraphie, donnent une autre image des Romains orientaux : on les voit revêtus de la toge du citoyen et offrant des dédicaces à des dieux dont le nom étranger a été traduit en latin, eux-mêmes exhibant des magnifiques noms latins – tria nomina – où leur origine est invisible. Où est la vérité ? Qu’en est-il en particulier des Juifs ? On sait que leur monothéisme, leur histoire singulière de peuple élu et leur religion du Livre rendaient impossible leur assimilation à cette civilisation romaine polythéiste où célébrer le culte de Rome et Auguste était un devoir civique.

32La question est complexe puisque les orientaux de l’Empire relèvent d’une triple identité, romaine, grecque et par exemple syrienne. Comme le montrent les noms de l’empereur Marcus Aurelius Antoninus dit Elagabal ou encore d’une façon plus grecque Heliogabal. C’est ainsi qu’avant de se heurter à Rome, les Juifs avaient rencontré les Grecs et cela dès le 3e siècle av. n. è. Très vite l’historiographie juive adopte les représentations que les Grecs se font de l’histoire des peuples et offre ainsi une image banalisée, c’est-à-dire intelligible aux Grecs, des récits bibliques. Les historiens grecs reprennent à leur compte ces écrits élaborés par les Juifs hellénisés au point que Théophraste, le disciple d’Aristote voit dans les Juifs « un peuple de philosophes ». Hécatée d’Abdère, peu après, fait de Moïse un législateur, un nomothète.

33Numenius d’Apamée au 2e siècle de n. è. a cette belle formule : « Qu’est-ce que Platon sinon Moïse parlant attique ? ». Les Juifs, en quelque sorte, reprennent le créneau qui avait été celui des Egyptiens aux yeux des Grecs, ils sont à l’origine de la sagesse. Certains écrivains juifs hellénisés, comme Philon d’Alexandrie, prétendent que les Egyptiens rendent un culte à Moïse sous le nom de Toth-Hermès, inventeur de l’alphabet. D’autres disent que son nom Môusos aurait inspiré aux Grecs le nom du maître d’Orphée, Musaios, l’homme des Muses. Moïse se trouvait ainsi assimilé aux Sages grecs fondateurs de la civilisation comme Minos le Crétois ou Lycurgue le Spartiate. Une des façons de s’intégrer pour les Juifs dans la civilisation hellénistique consista aussi à se situer dans la chronologie du monde. Au 3e siècle Démêtrios le chronographe, un Juif d’Egypte, calcule que Moïse aurait été le contemporain du premier roi d’Argos. Héraclès aurait été l’ami d’un fils d’Abraham avec lequel il serait parti combattre en Libye. De telle sorte que, lorsque le Romain Varron en 43 av. n. è. établit la chronologie du monde, il place au début de l’histoire des hommes, une période allant du premier homme au déluge. Ainsi la lecture « à la grecque » de l’histoire juive la faisait résonner comme une histoire gréco-orientale parmi d’autres.

34Cette hellénisation de l’histoire juive n’est pas qu’une façade offerte aux autres peuples hellénisés. Le grec et même le latin ont envahi les synagogues et la langue rituelle est l’une ou l’autre selon les provinces.

35Mais en produisant une telle image d’eux-mêmes les Juifs perdaient toute singularité, rendaient incompréhensibles leurs revendications nationales et leur résistance à la romanisation. Ainsi se développe parallèlement chez les auteurs littéraires l’image hirsute d’un peuple rebelle et barbare, parlant un jargon incompréhensible comme « les Ethiopiens, les Troglodytes, les Arabes, les Syriens, les Mèdes et les Parthes » [13]. Seul un Grec-Romain comme Plutarque pouvait montrer un tel mépris pour les autres peuples. On retrouve ici cette façon de ne reconnaître comme de vraies langues, susceptibles d’avoir une grammaire, le seul couple latin et grec, utraque lingua. Les autres langages ne sont que « souffles et sifflements » comme dit Macrobe.

36Identité et altérité se trouvent même conjointes dans les cultes. A tort, on a parlé de syncrétisme à propos de ces dieux orientaux que l’on retrouve à Rome et dans tout l’empire, vénérés sous des noms latins. Comme la plus fameuse et la plus anciennes des divinités importées à Rome : la Cybèle phrygienne, solennellement installée en 204 av. n. è. sur le Palatin, c’est-à-dire au cœur ancestral de la Ville où elle est appelée Magna Mater Deum, « la Grande Mère des Dieux » [14] (de la même façon Malakbel sera appelé Sol sanctissmus ou Sol inuictus). La déesse est figurée en matrone habillée à la romaine. Elle est célébrée par un double culte, l’un parfaitement romain et décent, l’autre au contraire est un déferlement d’exotisme extravagant aux yeux des habitants.

37Chaque période du 4 au 10 avril des jeux publics lui sont consacrés, devant son sanctuaire du Palatin, jeux aristocratiques présidés par l’édile curule et qui comportent des représentations théâtrales, ce qui en latin se dit des « jeux grecs ». À cette occasion les familles nobles, dans le cadre de confréries, célèbrent des repas rituels pour renforcer les antiques liens de la communauté. On y consommait une nourriture frugale et traditionnellement attribuée aux anciens bergers du Palatin : le moretum composé d’herbes, d’ail, de fromage, d’huile et de vinaigre, mangé avec du pain.

38Le culte ordinaire est célébré par un clergé phrygien et des prêtres castrés, les Galles, vêtus de robes bariolées. Ils traversent la Ville dans des processions bruyantes au son de la flûte, de cymbales et du tambourin. Les chants rauques, les danseurs frénétiques ou extatiques, les fidèles qui se fouettent jusqu’au sang : la littérature latine témoigne amplement de l’étonnement scandalisé des Romains regardant passer le cortège de la grande Mère [15].

39Plus troublant encore est ce portrait funéraire du Musée du Capitole d’un eunuque de Cybèle tout plein de dignitas mais où sont aussi présents les signes de sa fonction. Il conjoint, dans le souvenir qu’il veut laisser de lui, sa fonction sacerdotale exotique et une romanité affichée.

Rome s’inventa en même temps qu’elle inventa la Grèce

40L’identité romaine n’est donc pas une donnée première. Rome s’est inventée au cours du temps à partir de la Grèce. Les premières relations entre Rome et les cités grecques attestent que Rome est perçue comme une cité grecque un peu à l’écart et parlant l’éolien [16]. « Quand Rome n’était pas dans Rome elle était déjà grecque ». Elle ne cessera jamais de l’être. Mais elle s’arracha au statut médiocre d’une cité éolienne parmi d’autres, en posant face à elle une Grèce imaginaire culturellement définie, afin de se définir comme son autre, son alter ego. D’où la constitution d’un couple formé des deux cultures qui se fondent sur la même dignité des deux langues utraque lingua. Mais ces deux cultures se redéfinissent sans cesse l’une par rapport à l’autre dans un mouvement permanent de confusion et de différenciation sans jamais se fondre ni se séparer définitivement.

41Ainsi la Grèce à la fois englobe Rome et Rome s’en distingue volontairement. Rome est grecque et elle est autre. C’est ce que nous avons appelé l’altérité incluse. Cette altérité incluse ne peut prendre forme que par un mouvement permanent d’absorption et de rejet. Ce qui s’exprime par des discours contradictoires et des jeux sémantiques dans la langue, les pratiques culturelles et les images. Tantôt on rencontre un signifiant grec pour un signifié romain, comme dans le cas du banquet ou des bains, tantôt un signifiant romain pour un signifié grec ou/et oriental, comme dans le cas de la statue de la Grande Mère. D’une façon générale les langages romains selon le contexte énonciatif disent l’altérité de Rome par rapport à la Grèce ou son identité. Rien n’échappe à ces retournements permanents, même les plus anciens cultes du territoire de Rome, dont on pourrait croire qu’ils sont solidement identitaires. Ainsi le rituel des Lupercales qui célèbre chaque mois de février la fondation de Rome par Romulus sur le Palatin est attribué à des Grecs et la louve de Mars, la nourrice des jumeaux devient l’animal de Pan l’arcadien.

Notes

  • [1]
    Cet article a été élaboré par Florence Dupont à partir de notes ou d’exposés rédigés, communiqués par les différents participants ; certains exposés présentés au séminaire n’ont pas été utilisés faute de place et aussi parce que certains traitaient d’objets marginaux par rapport au point de vue adopté ici.
  • [2]
    Serge Gruzinski, La pensée métisse, Fayard, 1999, introduction de 6 à 13.
  • [3]
    Marcel Benabou, La résistance africaine à la romanisation, Maspéro, 1976.
  • [4]
    Simon Goldhill (ed.) Being greek under Rome. Cultural Identity, the Second Sophistic and the Development of Empire, Cambridge University Press, 2001.
  • [5]
    Pierre Grimal, Le siècle des Scipions, Rome et l’hellénisme au temps des guerres puniques, Aubier, 1975 et Jean-Louis Ferrary, Phihellénisme et impérialisme. Aspects idéologiques de la conquête romaine du monde hellénistique, E.F.R., 1988.
  • [6]
    1 et 2 À partir de l’exposé de Florence Dupont du 15 novembre 2001 : « Graecari : les délices grecques du banquet romain ».
  • [7]
    Sur l’origine du mot graecus et l’invention de l’ultraque lingua : Suzanne Saïd (éd. ), Hellenismos, Quelques jalons pour une histoire de l’identité grecque, Strasbourg, 1991 Marcel Dubuisson « Graecus, graeculus, graecari, l’emploi péjoratif du nom des Grecs en latin » p. 315-335 et Françoise Desbordes « Latinitas : constitution et évolution d’un modèle de l’identité linguistique » p. 33-47.
  • [8]
    À partir de l’exposé de Pierre Cordier du 29 novembre 2001 : « Gymnase et nudité à Rome ».
  • [9]
    La formulation est de Pierre Cordier.
  • [10]
    À partir de l’exposé de Onno Van Nijf du 16 mai 2002 : « La Grèce imaginaire des Grecs de l’époque romaine ».
  • [11]
    À partir de l’exposé de Nicole Belayche du 23 mai 2002 : « Quand l’autre est un même. Le cas des juifs et des cosidetti orientaux ».
  • [12]
    Tacite, Histoires I, 11, 1 ; Juvénal, Satires, XV sur les Egyptiens.
  • [13]
    Plutarque, Vie de Marc-Antoine, 27, 4.
  • [14]
    Philippe Borgeaud, La mère des dieux, Le Seuil, 1996.
  • [15]
    Ovide, Fastes, 4, 181-186 et 215-218 ; Lucrèce, 11, 598-643. Apulée, Les Métamorphoses, VIII, 24-30 ; Lucien, La déesse syrienne 43-44.
  • [16]
    François Hartog « Rome et la Grèce : les choix de Denys d’Halicarnasse » in Suzanne Saïd (éd.), Hellenismos, Quelques jalons pour une histoire de l’identité grecque, Strasbourg, 1991, p. 149-168.