Au jardin d’Academos - une rencontre philosophique et artistique

1Il est important, lorsque l’on parle de l’origine des lieux où la philosophie est enseignée, l’université, l’école d’art et même le lycée, de rappeler qu’ils viennent du jardin. La philosophie assignée habituellement à l’agora, et l’art compris comme création artisanale liée à la polis grecque, viennent pourtant du jardin. Je parlerai ici du jardin qui nous paraît le plus évident, avant même le jardin d’Épicure, celui d’Academos.

Qui était Academos ?

2Dans la mythologie grecque il est un héros athénien. Juste avant la guerre de Troie, Thésée, un héros de l’Attique, est reconnu roi d’Athènes. Son nom proviendrait de la même racine que thesmós (θεσµός) ce qui est établi, posé. Notre mot thèse vient de la même racine : action de poser, instaurer, position d’une ville selon les lois établies. Ce même Thésée, qui a construit la forteresse de l’Acropole, enlève et cache près d’Athènes, à Aphidnée, une jeune fille, encore enfant, la belle Hélène. Hélène, qui deviendra la femme de Ménélas, sera enlevée par Pâris, et ses prétendants feront la guerre de Troie. Elle a entre 5 et 10 ans… Selon d’autres versions, elle est assez grande pour enfanter une fille de Thésée. Après ce rapt, ses frères, Castor et Polux partent à sa recherche, et c’est précisément un héros, nommé Academos qui dévoile le lieu de sa cachette aux Dioscures, qui viennent aussitôt libérer leur sœur. Hélène rentre chez elle. Suite à cet incident, les Athéniens, pour remercier Academos de leur épargner la guerre avec les Lacédémoniens, ont nommé une terre de son nom pour accueillir sa tombe près de la rivière Kefisos. Ce sera le jardin d’Academos.

3Il est intéressant de souligner que le préfixe aka signifie : douce, tranquille, léger et démos, signifie – outre l’idée de lieu – terre habitée par un peuple, contrée, pays, mais encore : le peuple. Academos [1] signifierait alors : le quartier tranquille, mais aussi le peuple tranquille. Nous avons alors : Thésée, celui qui instaure, qui fonde, opposé à celui qui rend la justice [2] dans la douceur du peuple : Academos.

4La scénographie poétique du Phèdre nous donne l’exemple de ce qu’était le paysage attique et nous aide à saisir ce qu’était le lieu d’enseignement de Platon dans l’espace ouvert :

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Par Héra ! Le charmant asile ! Ce platane est d’une largeur et d’une hauteur étonnantes. Ce gattilier si élancé fournit une ombre délicieuse, et il est en pleine floraison, si bien que l’endroit en est tout embaumé ; et puis voici sous le platane une source fort agréable, si je m’en rapporte à mes pieds […] Remarque en outre comme la brise est ici douce et bonne à respirer ; elle accompagne de son chant d’été harmonieux le chœur des cigales ; mais ce qu’il y a de mieux, c’est ce gazon en pente douce qui est à point pour qu’on s’y couche et qu’on y appuie confortablement sa tête[3]

6Le premier institut d’enseignement supérieur connu en Occident, avant le Lycée et le Cynosarge, fut l’Académie de Platon, un des trois gymnases d’Athènes. Platon appartenait à une riche famille de propriétaires terriens. Il en profita largement en voyageant, en organisant des fêtes très coûteuses. Il est devenu propriétaire de son jardin après l’échec politique à Syracuse en 387 chez le roi Denys Ier l’Ancien. Le philosophe fonda le jardin académique après son retour à Athènes. Il le créa à ses 40 ans et y enseigna pendant quarante ans. Platon fit un deuxième voyage en Sicile vingt ans après. Après la mort de Denys Ier l’Ancien, son beau-frère Dion de Syracuse, gagné à la philosophie lors de son séjour précédent, demanda à Platon de devenir le maître de Denys II le Jeune, fils de Denys l’Ancien. Il était d’accord pour retourner à Syracuse, pensant créer une cité gouvernée selon ses principes philosophiques. Il venait de terminer La République en 372. Riche d’idées novatrices, il voulait les appliquer dans la vie réelle. Dans la Lettre VII, considérée comme une lettre biographique, nous lisons que Platon, lors de son deuxième séjour à Syracuse, a habité dans un jardin. Essayant de faire du roi un philosophe, il tomba dans les rets de Denys qui le fit enfermer pendant un an dans la citadelle d’Ortygie, une île près de Syracuse. Libéré et de retour à Athènes, il fit un troisième et dernier voyage en Sicile en 360, âgé de 68 ans, acceptant l’invitation de Denys II le Jeune. Mais les relations entre eux dégénérèrent et un pythagoricien, Archytas de Tarente, dut envoyer un vaisseau de guerre pour libérer Platon. Une nouvelle fois le philosophe se trouvait pris au piège. Âgé de 80 ans, il mourut à Athènes au cours d’un repas de noces.

7Cent ans après, un descendant de Platon, Lacyde de Cyrène, prend la tête de la Moyenne Académie. Selon Diogène, il avait changé l’ancien emplacement de l’Académie, pour une salle près du jardin créé par le roi Attale qui y avait fait planter une grande quantité de végétaux exotiques [4]. Ce jardin botanique deviendra un nouveau lieu de rencontre philosophique et fut appelé de son nom le Lacydéion, qui vient de la contraction de deux mots : laos et kydes. Laos qui signifie peuple, foule, et kydos, gloire, renommée. Lacydes (Λακύδης) signifie donc celui qui incarne la gloire de la foule, du peuple.

8Nous avons alors pour le jardin de Platon deux étymologies qui diffèrent et se complètent, celle d’Academos et celle de Lacyde.

Suspension

9Nous n’avons pas l’intention de raconter histoire de l’Académie et nous effectuons un saut jusqu’au XVe siècle où le nom Académie réapparaît. La renaissance des académies s’inscrit dans la relecture que l’on fait à ce moment-là des écrits de Platon. Les académies de peinture et de sculpture provenaient de l’Accademia neoplatonica que Cosme l’Ancien crée à Florence en 1459 en rassemblant des intellectuels pour traduire en italien et commenter les textes de Platon. En 1563, à Florence, Cosme Ier et Giorgio Vasari fondent l’Accademia delle Arti del Disegno. À Rome, en 1577, le pape Grégoire XIII fonde l’Accademia di San Luca en lui annexant une congrégation religieuse.

10À la fin de XVIe siècle existe à Bologne une Accademia degli incamminati destinée à l’enseignement de la peinture.

11Puis, en France, l’Académie royale de peinture et de sculpture fut fondée en 1648 à Paris, à l’initiative des peintres Philippe de Champaigne et Charles Le Brun. Première école d’art en France, l’actuelle École nationale supérieure des Beaux-Arts, quai Malaquais à Paris, en est son héritière.

Contour du monde

12Que signifiait donc le terme Académie pour l’enseignement ? La pratique de l’enseignement artistique vient du jardin platonicien Academos. Avait-elle pour origine la volonté de s’assembler pour « dessiner » et « peindre » un contour, une ligne qui isole du reste du monde ? Ou, mieux, qui rapprocherait du monde ? Si, en définitif, une école n’est qu’une question de pratiques communes, comment se fondait ce commun dans l’Académie ?

13Ces académies avaient pour vocation de distinguer les artistes, les peintres et les sculpteurs des artisans. Il s’agissait de dégager la peinture et la sculpture des arts mécaniques pour les inscrire dans les arts libéraux. Et le dessin, comme savoir représenter le monde, le permettait. L’enseignement ne devait plus être un apprentissage des techniques de la peinture auprès d’un maître, mais un enseignement dans une école. Le maître qui instruit a été remplacé par les maîtres qui accompagnent et qui créent une rencontre devant une perspective mobile. On affirmait que la peinture et la sculpture étaient avant tout des activités intellectuelles et spéculatives.

14Leon Battista Alberti, un des platoniciens de la Renaissance, avait construit son traité (De la peinture, 1435) autour de la perspective – je le souligne parce qu’elle dépendait de la géométrie, donc d’une activité libérale. Le modèle du discours est toujours mis en œuvre ; on discute pour avancer. Ainsi, l’Académie, aussi bien à l’époque de Platon qu’au XVIIe siècle, était liée simultanément à l’enseignement d’un savoir et à la possibilité d’en discuter. C’était exactement le projet de Cosme l’Ancien quand il fit du nom propre Académie un nom commun. Au point même de souligner une phrase légendaire qui devait être gravée à l’entrée de l’Académie :

« Que nul n’entre s’il n’est géomètre »

15Nous savons que les inscriptions à l’Académie de Platon, au Lycée d’Aristote, et au Jardin d’Épicure ressemblent bien plutôt à un procédé rhétorique qu’à une tradition historique rapportant un fait réel. Mais cela ne nous empêche pas de nous demander : qui est ce géomètre ? Pour tenter de répondre à cette question, revenons alors à l’époque antique.

16On associe les Grecs à la naissance de l’Agora, lieu central de la ville où les citoyens se réunissent pour parler. L’espace ouvert par la politique est un espace de parole partagée : il n’existe que par la discussion publique entre les citoyens qui transforment par ce lieu leurs opinions subjectives en éléments d’une réflexion objective sur le bien commun. Les Grecs ont inventé la cité, la polis, pour préserver les conditions politiques de l’existence. La polis avec, en son centre, l’agora est le premier espace du politique. Deleuze écrit : « Si la philosophie a une origine grecque autant qu’on veut bien le dire, c’est parce que la cité, à la différence des empires ou des États, invente l’Agôn comme règle d’une société des amis, la communauté des hommes libres en tant que rivaux [5] ». C’est dans le cadre d’un Agôn que sont représentés tragédies, drames satyriques, comédies. Son modèle se retrouve déjà dans L’Iliade et L’Odyssée[6]. L’homme n’est pas un être naturellement politique puisque c’est l’Agora, la politique, qui le définissent comme création d’un monde humain en dehors de la nature. Sorti du politique, l’homme retourne en quelque sorte à l’animalité. Mais, au passage, il s’arrête dans le jardin où il constitue sa nature humaine. La création d’un espace politique – en ce qu’il rend possible la fondation d’un monde commun régi par le nomos – n’est pas le seul lieu véritable d’expression de la qualité humaine de l’homme. À côté de l’Agora, là où les hommes se reconnaissent mutuellement comme des citoyens, se trouve le jardin où les hommes sont ensemble sous l’horizon d’un monde commun « d’être ensemble [7] ».

17Le problème de l’enseignement est de prendre en charge l’environnement du monde avec ses voisinages, avec ses rapports qui se construisent et donnent sens à ce voisinage. Cela permet de penser cet environnement, de lui donner une forme. Le jardin d’Académos qui origine la philosophie, aux yeux de certains hellénistes, s’efface au point de ne pas exister. Pour eux, la contemplation d’une grandiose architecture grecque, de temples, de théâtres, de portiques, situés au milieu de contrées montagneuses, efface la modestie des jardins, constructions trop fragiles, arrachées au monde héroïque grec. Le jardin, plus que les pierres assemblées pour un mur de la cité, est porteur d’une renversante intensité des forces élémentaires de la terre et du ciel.

18La notion de frontière du jardin doit être repensée. Elle n’est pas une ligne de séparation, mais une relation mobile, un horizon mobile, une perspective mobile, peras (πέρας) en grec. Les Grecs ont observé que la limite πέρας n’est pas l’endroit où quelque chose s’arrête. Au contraire, à partir de là, quelque chose commence à être. Les Grecs pensaient à partir de cette frontière et c’est elle qui marquait le début du chemin intellectuel et non sa fin. Demandons-nous : est-ce que le jardin, par tradition fermé, ne nous apparaît-il pas plutôt ouvert chez les Grecs ? Ces limites ne sont-elles pas davantage la réfutation d’un enclos ? Ne sont-elles pas la négation de la fonction de l’enclos qui limite le champ visuel [8] ?

19Le concept du Jardin, le jardin comme concept, constitue l’énigme dans la géographie du paraître. Après avoir utilisé le mot « concept », il faudrait ajouter que les Grecs nommaient horismos (ορισµός) le concept lui-même c’est-à-dire la limite, peras (πέρας), l’endroit où quelque chose commence à être. Ce changement de perspective nous permet cependant d’avancer dans le concept de jardin. L’enseignement du jardin sera donc une pensée de la réalité comme interprétation, ceci supposant que toute interprétation n’existe qu’en tant que perspective. Il faut alors repenser l’enseignement du jardin. La forme du jardin, il nous faut l’élargir perpétuellement et essayer de comprendre qu’elle est toujours en devenir. Hérodote lui-même s’étonne d’avoir vu un jardin nomade caractéristique du peuple macédonien [9], parce que pour les gens de passage, tout jardin est effet de perspective, qui sans cesse modifie l’horizon. Pour Hérodote déjà se jouent les rapports entre des invariants sémantiques. Le langage indo-européen ne coïncidait pas pour la notion du jardin, si bien que la volonté de penser l’enclos limité paraît largement excessive et problématique [10]. Les mots grecs signifiant le jardin, de kepos (κῆπος), alsos (ἄλσος) à lejmon (λειµών) en passant par hora (χώρα) invitent à désigner l’horizon. L’horizon où nous trouvons notre lieu aporétique, sans issue, sans chemin assuré, sans route ni arrivée, sans dehors ni dedans. Le jardin figure cet horizon.

20Certains possèdent un jardin pour se croire installés. Ils jouissent de leur installation, de leur jardin fermé qui leur donnent une arrogance insupportable. Tel est le cas des philosophes sédentaires. Ils n’ont d’autre but que de nous persuader de leur gloire et de leur certitude.

21La cité grecque favorise des citadelles intérieures, des exercices spirituels, des sectes philosophiques, des prédications errantes, des promenades dans des jardins. Une forme de vagabondage. Promenade comme acte, comme politique, comme expérimentation, comme vie. Une promenade qui s’engage sur des chemins de la pensée, similaire à une herbe qui pousse en son milieu [11]. Une promenade qui est une promesse de rencontre.

22L’enseignement du jardin s’inscrit dans l’étude de ce déplacement et de la rencontre. Se saisissant de la question du jardin, l’enseignement se tient d’emblée hors des catégories les plus immédiatement à même d’accueillir le thème central de l’Agora. La ville – l’agora que nous tenons pour la forme du cours universel des choses, objective nos pensées. Il faut alors établir un mouvement vers le dehors de la ville pour sortir de l’Agora, sortir dans le jardin.

23Épicure enseignait : « C’est vers un petit enclos que se porte la richesse de la nature [12] ». Mais la notion de frontière du jardin doit être entièrement repensée. Elle n’est pas une ligne de séparation, mais un horizon mobile. Ces limites ne sont-elles pas davantage la réfutation d’un enclos ? Ne sont-elles pas la négation de la fonction de l’enclos qui limite le champ visuel ?

24Dans la mesure où le jardin antique est une paideia, une introduction à la réflexion qui signifie l’humanité et qui résume l’idéal grec de la perfection humaine du κάλος και αγαθός (beau et bon), il accomplit une sorte de rite de passage visant à éduquer par l’apprivoisement l’homme capable de faire face à la ville et à l’agora. L’objectif de l’enseignement du jardin est de faire de ces élèves des habitants d’une acropole, mais aussi de sa périphérie.

25J’évoquerai pour finir l’histoire de Théagès, racontée par pseudo-Platon, dans un de ses dialogues apocryphes sur la nature du savoir. Démodocos amène son fils Théagès, aspirant sophiste, chez Socrate afin de prendre conseil à propos de son éducation. Socrate propose de parler directement au fils et lui demande ce qu’il ferait s’il avait lui-même un fils qui souhaiterait devenir un bon peintre ou un bon musicien : « Que ferais-tu de lui et saurais-tu où l’envoyer, dès lors qu’il ne souhaite pas se mettre à l’école de ceux qui sont des experts en ces domaines [13] ? » Nos institutions respectives d’enseignement avec leurs experts : philosophes, artistes, théoriciens, permettent-elles de croiser les chemins des disciples ?

26Le jardin commun de l’enseignement philosophique et artistique, ce jardin d’Academos qui incarne la douceur du peuple avant même les guerres homériques, est un jardin de rencontre et de résistance. Jardin qui nous rappelle que la seule raison commune (si elle existe) de la philosophie et de l’art, c’est la rencontre. Relativement à la condition d’enseignement philosophique aujourd’hui, nous constatons souvent que la philosophie ne consiste plus dans l’art de dialoguer et de rencontrer, mais dans l’art de commenter.

27Les écoles d’art, héritières directes de l’Académie, gardent cette tradition du dialogue, des rendez-vous individuels au cœur de l’enseignement.

Et pour répondre à la question : qui est le géomètre ?

28C’est peut-être un étudiant qui devient un dessinateur, un artiste, un jardinier, qui mesure pour repousser les limites du monde, pour atteindre l’horizon mobile. Celui qui pose les bonnes questions au bon endroit, là où la rencontre philosophique et artistique est possible, là où résonne la rencontre avec la création, où le philosophe et le créateur résistent, à savoir dans le jardin.

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29Et pour cela à titre de contrepoint à la tentation nationaliste et fondamentaliste, je recommande d’ouvrir à nouveau le livre du savoir philosophique et de suivre les chemins de la pensée grecque pour autant que la brièveté de la vie nous permette d’oser ce type de répétitions audacieuses. Terminons ainsi par une citation de Plutarque, trouvée dans le dernier livre de G. Agamben :

30

La plupart des gens pensent que c’est seulement en parlant assis à une chaire ou en faisant cours sur un livre qu’on fait de la philosophie, mais ils ignorent jusqu’à l’existence de cette philosophie qu’on ne cesse de pratiquer en action et dans les œuvres et que nous avons sous les yeux tous les jours. […] Socrate philosophait comme un compagnon de jeux et de banquets, au combat, jusque sur les marchés, et à la fin de sa vie, il fit de la philosophie en buvant le poison. Et il fut le premier à montrer que notre vie, en tout temps et en chacune de ses parties, aussi bien dans ce que nous éprouvons que dans ce que nous faisons, est toujours et en tout ouvert à la philosophie[14].

Notes

  • [1]
    Selon différents témoignages, le nom de l’Académie est dérivé de celui de Hékadémos. D’autre part, Académos aurait été un Athénien qui révéla le lieu où Hélène était cachée (Aphidnée) et Hékademos aurait été un compagnon laconien des Dioscures.
  • [2]
    « Rendre la justice », cette expression est à entendre comme le fait de rendre l’enfant et d’éviter ainsi la guerre avec Sparte.
  • [3]
    Platon, Phèdre, 230 b, c. Pour faire vivre l’image du jardin d’Académos, ses alentours, caractérisés par une végétation généreuse que favorisait le fleuve Céphise, voir : André Motte, Prairies et Jardins de la Grèce Antique. De la Religion à la Philosophie, Bruxelles, 1975. p. 412. L’auteur insiste sur la dévotion aux Muses auxquelles Platon avait voué cet espace. Sont ainsi attestées, dès cette époque, les affinités étroites entre la philosophie et les arts.
  • [4]
    Diogène Laërce, Lacydes, traduction Robert Genaille, 1933, Livre 4, section 60, ligne 2.
  • [5]
    Gilles Deleuze, La Condition de la philosophie, in Revue Chimères, n° 8, mai 1990.
  • [6]
    Entre l’assemblée des guerriers, l’assemblée des citoyens dans l’État oligarchique et l’Ekklesia démocratique qui s’assemble sur l’agora, il y a une continuité évidente. Car le débat politique constitue une lutte codifiée qui rappelle celle mise en œuvre lors des jeux funéraires et dont les différents concours organisés par la cité sont les avatars.
  • [7]
    Dans Les Lois, le dernier dialogue de Platon, qui touche au problème de la meilleure constitution politique, trois personnages, un Athénien (Socrate, qui n’est pas nommé) un Crétois nommé Clinias et un Lacédémonien nommé Mégillos, partent de Cnossos, la ville de Minos, pour aller visiter dans la montagne Ida le jardin. Cet endroit mythique fait référence au mariage paradigmatique de Zeus et d’Héra. Ce jardin du mariage sacré et le temple de Zeus se présentent comme l’objectif à atteindre. Les amis sortent de la ville et se dirigent vers le jardin pour atteindre ensemble la vérité.
  • [8]
    Malgorzata Grygielewicz, Le Jardin grec, rencontre philosophique, Éditions L’Harmattan, 2017.
  • [9]
    Hérodote, Histoire, 4,181.
  • [10]
    Il est vrai que le mot persan pardēz, voulant dire enclos, puis en grec ancien paradeidos (παράδεισος), apparaît pour la première fois chez Xénophon avant d’être repris dans La Septante.
  • [11]
    Henry Miller disait que c’est toujours l’herbe qui a le dernier mot : « L’herbe n’existe qu’entre les grands espaces non cultivés. Elle comble les vides. Elle pousse entre – parmi les autres choses. La fleur est belle, le chou est utile, le pavot rend fou. Mais l’herbe est débordement, c’est une leçon de morale ». Cité in Gilles Deleuze, Dialogues, avec Claire Parnet, Éditions Flammarion, Paris, 1977, p. 38.
  • [12]
    Diogène Laërce, La Vie des hommes illustres, traduction personnelle, 10.12.1 τᾶς φύσιος δ’ ὁ πλοῦτος ὅρον τινὰ βαιὸν ἐπίσχει
  • [13]
    Platon, Théagès, Œuvres complètes, sous la direction de L. Brisson, Éditions Flammarion, 2008, p. 1885.
  • [14]
    Giorgio Agamben, Polichinelle ou divertissement pour les jeunes gens en quatre scènes, Éditions Macula, 2017, p. 5.