Une clinique du social ? Regard sur les prétentions cliniques des sciences humaines et sociales contemporaines

Introduction

1L’idée d’une clinique du social paraît à première vue contradictoire puisque le premier terme est synonyme d’attention à l’individuel, au singulier, à l’unique, tandis que le second désigne plutôt des aspects collectifs, génériques, réitérés. Pourtant, même s’il serait excessif de parler d’un « courant clinique » dans les sciences humaines et sociales, force est de constater, depuis une trentaine d’année, une diffusion importante du terme de clinique dans ces disciplines, au point que l’on puisse déceler une sorte de convergence. Comment rendre compte d’une telle inflation, précisément à une époque où la clinique médicale (somatique, psychiatrique) traverse une crise multiforme ? En fait, le phénomène a commencé au début du xxe siècle et, à l’exception notable de la clinique juridique (qui s’inspire de la casuistique [1]), le foyer doit en être recherché dans la psychologie. Mon hypothèse est que cette extension de l’expression ne correspond pas seulement à une application et à une régionalisation de la clinique médicale ou de la psychologie clinique, donc à une subdivision dans l’étude de certains phénomènes humains, sous leur angle pathologique notamment (clinique de l’enfant, psycho-gérontologique, phonétique clinique, etc.), mais dénote aussi une attitude spécifique (« esprit » ou « méthode »). Ainsi, la dimension de spécialisation, qui correspond plutôt à la conception anglo-saxonne du terme, n’épuise-t-elle pas le sens de cette dissémination. Pour le montrer, j’étudierai d’abord l’extension progressive de la clinique à la psychologie sociale et ses dérivés, avant de souligner la revendication originale d’indépendance de la part de la sociologie, et le souci d’autonomisation de l’anthropologie.

Les émanations de la psychologie sociale

2Ce n’est pas ici le lieu de rappeler comment la psychologie est devenue clinique, ni de retracer comment s’est progressivement constituée une psychologie sociale, légitimée par l’existence d’aspects psychiques dans les phénomènes culturels et sociaux. Il s’agit plutôt de comprendre comment a pu naître le projet étonnant d’une psychologie sociale clinique, qui a ensuite ouvert la voie d’une transmission plus large, et un peu déroutante, de la notion à d’autres disciplines : clinique de l’éducation, du travail et de l’activité, criminologie clinique, etc. [2] Le lien s’est opéré via le terme d’interaction, qui ouvre le psychisme individuel sur le social [3].

3L’objet propre de la psychologie sociale clinique est l’expérience vécue du lien par des sujets, individuellement ou en groupe, à travers leurs inscriptions sociales (conflit, crise, etc. [4]). L’accent est donc mis sur l’individu concret, isolé ou associé, avec ses représentations et affects, situé socialement et participant d’une économie psychique. Le but n’est pas de saisir le social comme une réalité invariante dont il faudrait inventorier les composantes, mais plutôt d’appréhender les construits subjectifs et sociaux dans leur mouvement et tension (la dialectique du dedans et du dehors), et de dégager les processus selon lesquels des dynamiques sociales prennent sens pour les sujets qui les vivent – d’où une nécessaire approche pluridisciplinaire. En soulignant l’intersubjectivité contextualisée d’un dispositif de recherche « parlant », on s’oppose à l’approche expérimentale qui s’attache à produire de la connaissance objective impersonnelle. D’autre part, aborder les construits psychosociaux en terme de dynamique permet de les penser comme potentialité et rencontre, donc selon une causalité multiple et complexe (non linéaire). L’intrication du psychique et du social renouvelle certaines notions (« sujet social », « pulsion sociale », « interdit anthropologique », et « unités sociales signifiantes »), et permet l’élaboration des notions de crise, d’imaginaire social, ou d’expérience subjective et sociale de la sexualité [5].

4Le terme de clinique a aussi connu un fort développement dans les domaines de l’éducation, de la didactique, de la formation et de l’apprentissage. L’expression « pédagogie clinique » naît à la fin du xixe siècle, mais c’est surtout la psychanalyse qui a légitimé l’idée dans l’entre-deux guerres [6]. La réflexion s’est ensuite adossée aux départements de psychologie qui apparurent dans les universités. Le projet cherche à déterminer les caractéristiques du sujet apprenant, ainsi que les conditions théoriques et méthodologiques de leur élaboration. La démarche clinique se définit par une nécessaire implication, un travail sur la distance intersubjective adéquate et l’accent mis sur la complexité du vivant. Elle n’a pas forcément une visée thérapeutique, puisqu’elle s’autorise aussi à examiner les conduites ordinaires (non pathologique), relie systématiquement sociologie et psychologie pour approfondir les influences réciproques du sujet et du monde, et suspend réflexivement l’action pour mieux comprendre, de façon évolutive, le rapport du sujet à ses objets, aux relations intersubjectives, aux institutions sociales (avec leurs valeurs et représentations) impliquées dans sa conduite [7]. Du point de vue de ses modalités opératoires, la clinique s’intéresse tout d’abord à la singularité (des sujets, situations ou activités, mais aussi des groupes ou institutions), qu’elle étudie en contexte naturel, par opposition (non exclusive) à un dispositif expérimental. Aussi son approche est-elle interdisciplinaire, compréhensive, casuistique et holistique, visant à rendre compte de la diversité des réalités (sociales, institutionnelles ou psychiques) en termes de processus, de configurations ou d’agencements, de conflits ou d’ambivalences – et pas simplement par variables ou facteurs, comme dans la démarche statistique. Et ses différents outils (écoute, dialogue, confrontation, écriture) ne servent pas à se défendre de ce qui arrive, mais à rester sensible à la nouveauté : la parole qui surgit en situation n’est pas celle de l’enquête par entretiens et questionnaires. Ensuite, l’approche clinique procède par typologisation : dépassant la spécialisation (monographique) et la redondance, elle généralise en intégrant sans juxtaposer. C’est que la conceptualisation théorique ne s’oppose pas à la singularisation du regard mais la rend possible, le dispositif clinique reposant sur un va-et-vient entre abstraction et pratique ; aussi la théorie n’est-elle pas appliquée mécaniquement, mais remise en question. Enfin, la clinique a une double vocation d’intervention et de recherche : elle concerne certes un professionnel, dont les interprétations sont validées par la dynamique interne du travail, et par la possibilité pour les sujets et collectifs d’en reconnaître et d’en éprouver la pertinence (gain de sens, efficacité) ; mais en mettant l’accent sur la singularité des situations analysées, dont l’unicité et la nouveauté obligent à un effort créatif renouvelé, elle justifie le fait qu’on puisse (paradoxalement) la considérer aussi comme une connaissance.

5Déroutante, la métaphore de « clinique du travail » est utilisée depuis les années quatre-vingt-dix pour éclaircir les trajectoires et analyser l’expérience professionnelle comme source à la fois de tensions psychiques et d’acquisition de compétences [8]. Branche de la psychologie du travail (elle-même issue de la psychologie expérimentale), elle étudie les cas individuels et les groupes, de façon concrète, par une approche de terrain [9], et pas seulement les situations pathologiques (encore que l’étude des accidents en constitue un volet important). La méthode en est donc intensive (approfondie) et interactive (dialogique), singulière (cas uniques) et globale (l’interprétation vise l’ensemble des conduites), différant des approches expérimentales (étude d’hypothèses) ou épidémiologiques (étude de facteurs), qui s’attachent à identifier le rôle de certains déterminants de l’activité via un traitement souvent statistique des données. La discipline désigne toutefois davantage un courant diversifié qu’une école uniforme : clinique de l’activité, psychodynamique du travail, psychosociologie, ergonomie, sociologie clinique, voire ethnométhodologie, sans oublier la médecine du travail. La locution même de clinique fait débat. Désigne-t-elle l’examen de la subjectivité dans son rapport au travail et à l’organisation ? Son enjeu consiste alors essentiellement à analyser (comprendre, présenter, voire dévoiler) les liens entre les vécus subjectifs des individus et les organisations du travail, sans considérer la transformation (ultérieure). Ou bien dépasse-telle la recherche traditionnelle des signes d’aliénation ? Pour les tenants de l’activité[10], elle se situe au croisement d’une perspective de psychopathologie du travail et de la théorie historico-culturelle, étudiant la manière dont le sujet s’approprie les contraintes de son environnement pour en faire des sources de son développement personnel et professionnel– désignant donc une intervention et pas seulement un tableau. Le travail est alors conçu comme épreuve, sur laquelle la clinique veut avoir prise pour rendre à nouveau la vie défendable (au sens de la normativité de Canguilhem). La clinique soutient le développement du travail en le transformant, quand il est empêché, essayant de faire redécouvrir aux travailleurs toutes les potentialités non exploitées du réel, et de réorienter ainsi l’activité désaffectée. D’où l’effort, conditionné par l’authenticité du dialogue sur le travail, l’engagement dans la controverse, et le transfert des étonnements et affects, pour enrichir le répertoire des gestes possibles en restaurant un pouvoir d’agir qui est entravé (du moins quand le pouvoir hiérarchique le permet). Le débat concerne aussi la dimension critique de la clinique : révèle-t-elle seulement les mécanismes d’oppression cachés, ou prétend-elle aussi agir (localement) sur le monde (auprès des travailleurs, voire des dirigeants), en transformant les organisations et institutions [11], au risque d’euphémiser la domination et ses dérives [12] ?

L’indépendance de la sociologie clinique

6Différente de (mais non sans de possibles intersections avec) la sociologie d’inspiration psychanalytique, la sociologie du singulier, voire la sociologie d’objets psychologiques [13], la sociologie clinique représente une tendance récente, apparue brièvement aux États-Unis [14], et qui s’est véritablement constituée en France au début des années quatre-vingt-dix, avant de connaître une rapide diffusion internationale. Elle est née au confluent de différentes influences : l’œuvre de Freud, l’approche compréhensive de Dilthey et Weber, la première École de Chicago, les pensées de l’affect (Simmel, phénoménologie), le Collège de Sociologie et les réflexions francfortoises sur la personnalité autoritaire [15]. Elle retrouve en fait des questions originaires de la discipline, mais négligées, voire refoulées : les dimensions psychiques, affectives, subjectives et émotionnelles des rapports sociaux [16]. Une veine qualitativiste et humaniste de la sociologie américaine (Kurt Lewin, Carl Rogers, Jakob Lévy-Moreno), axée sur la recherche-action, la dynamique de groupe et le psychodrame, a ainsi influencé la psycho-sociologie française (Max Pagès), qui s’est développée, à partir des années soixante, en dehors de l’institution universitaire, étant trop psychologique pour la sociologie et pas assez expérimentale pour la psychologie sociale.

7Ambiguë, l’expression de sociologie clinique ne désigne pas une étude de la santé, mais plutôt une pratique ou une méthode, qui infléchit l’attitude du chercheur [17] : l’image du lit du malade invite à situer la recherche au plus près du vécu des individus, groupes, et institutions sociales. L’accent n’est donc pas mis sur la thérapeutique (même si l’enquête peut produire certains effets), ni a fortiori le pronostic, mais plutôt sur la dimension diagnostique : il s’agit d’étudier l’homme en situation et en relation, dans sa complexité multidimensionnelle, irréductible à une série de facteurs simples [18]. Évitant les logiques strictement disciplinaires, cette approche a pour souci constant d’articuler acteur et structure, individu et société, aspect existentiel (notamment via la psychanalyse) et collectif, afin de mieux rendre compte de l’intrication psycho-sociale de la réalité. Aussi examine-telle le social en tenant compte des aspects imaginaires, pulsionnels et symboliques des phénomènes institutionnels, en visant le sujet dans sa singularité (son implication dans les dynamiques étudiées), et en se considérant comme un préalable nécessaire de toute ambition critique. L’enjeu est d’élaborer une réflexion conjointe– en deuxième personne, dirait Lagache – de l’acteur et du chercheur au moyen de l’écoute, de l’empathie, de la co-construction des hypothèses et de la confrontation des savoirs (théoriques, pratiques et expérientiels), dont la vérité émerge en cours de route. C’est parce que tout individu contient une part d’altérité, notamment collective, que son étude relève de la sociologie ; et c’est parce que le sujet participe aux différentes étapes du processus de connaissance que cette sociologie est dite clinique. Elle aborde des thèmes très variables, allant de la sociologie du travail (l’économie solidaire) à l’urbanisme (les favelas brésiliennes), mais en insistant toujours sur les effets subjectifs induits par les structures, la construction des identités personnelles, la réflexivité des acteurs sur eux-mêmes (notamment sur leurs émotions). Ainsi, dans le cas des effets du néolibéralisme sur le travail, sont analysés l’auto-constitution du sujet performant, la colonisation des subjectivités par l’imaginaire de la réussite individuelle, le mal-être et la désaffiliation.

8La pertinence épistémologique de l’approche clinique fait débat : classée parmi les sociologies « du vécu », elle se voit reprocher sa faiblesse théorique, imputable à son « subjectivisme », ainsi que sa complaisance envers les états d’âmes des agents et les événements anecdotiques. Pourtant, même si leur présence est souvent implicite, les concepts n’en sont nullement absents, quelles que soient les étapes du travail considérées : problématisation, entretien, analyse, écriture. En fait : (i) basée sur l’écoute, la sociologie clinique se veut un processus de connaissance, séparé d’un souci de traitement. En mettant l’accent sur le parcours intersubjectif contextualisé, avec ses médiations (représentations, affects et fantasmes), elle permet au sujet d’entrer dans la complexité de son histoire individuelle et sociale pour en approcher les configurations, dynamiques, conflits et contradictions. Située après l’expérience vécue, elle en favorise la ressaisie à des fins d’explicitation et de réarticulation réflexive, voire de transformation. Dans cette « ouverture à l’émergent », démarche active et non simple disponibilité passive, l’attention joue un rôle central. (ii) Le sens y est le résultat d’une production conjointe, qui implique une déconstruction du niveau manifeste des phénomènes, révélant des liaisons cachées ou méconnues. Par quoi la clinique constitue un type spécifique de savoir, axé sur le singulier, pouvant certes le dépasser, mais sans jamais le négliger. (iii) Puisque construction du monde et image de soi sont corrélatives, elle étudie les processus d’intériorisation pour repérer quels enchaînements significatifs se sont formés et continuent à se construire, à partir de quelles sollicitations externes au sujet. À rebours d’une vision du développement comme cheminement ininterrompu, la socialisation est comprise comme un processus continué de création de soi, mixte d’événements et d’avènements subjectifs. En découlent les concepts d’imaginaire collectif, de système socio-mental ou paradoxant [19]. (iv) Comme la clinique narrative, elle intègre la dimension biographique à son projet de connaissance, afin de prendre en compte l’évolution du sujet, qui recrée la situation, l’actualise dans une présence à soi constituée par l’expérience intersubjective, la prolonge de façon imaginative pour envisager de la modifier effectivement. (v) Elle instaure un rapport souple à l’abstraction. Le passage à la théorie ne dépend pas d’abord de la quantité des données recueillies, mais de la qualité de l’écoute, de la minutie de l’observation, ainsi que de la rigueur de l’analyse : le va-et-vient est permanent entre la démarche empirique et la construction conceptuelle, et suscite une confrontation qui (contre la tentation réifiante) ménage constamment un écart, l’objet excédant toujours la conception et obligeant la pensée à progresser [20]. De sorte qu’on peut parler d’une connaissance clinique, au sens scientifique du terme, non expérimentale mais conjonctive (empathique [21]). (vi) La subjectivité du chercheur intervient dans la construction du savoir scientifique, en saisissant ce que l’individu méconnaît, et sa relation à un univers de règles et d’institutions dans lequel il lui faut s’insérer. C’est donc dans l’interaction des subjectivités de l’agent et du chercheur que se joue le processus même de la recherche : jeu du transfert et du contre-transfert pour Devereux, regard réciproque pour Favret-Saada [22]. Le passage à l’écriture participe de cette élucidation, car il n’est pas un simple report de la dynamique de l’intervention, ni un pur mode de conservation et de transmission.

9Enfin, la sociologie clinique a une ambition critique – et pas seulement par sa pointe anti-positiviste : en impliquant les individus dans la construction du savoir, elle vise leur émancipation effective, ainsi qu’une réflexion sur les idéologies et les processus de domination (classe, race, genre). Elle permet notamment au sujet, en analysant les conflits liés aux contradictions du monde social, d’inventer des réponses aux injonctions paradoxales qui le traversent – le conflit étant considéré non pas tant comme un dysfonctionnement à éliminer (comme pour le fonctionnalisme), que comme un révélateur de contradictions et tensions non résolues, souvent implicites, voire inconscientes. La clinique comporte par là même aussi une dimension d’intervention : l’implication du chercheur correspond à l’ambition d’identifier les vulnérabilités et capacités des acteurs, afin de donner à ceux-ci les possibilités de changer leur qualité de vie. Par quoi elle trahit sa parenté avec la recherche-action, dont l’approche méthodique vise des effets pratiques, non sans impliquer une nécessaire réflexion du chercheur sur son propre engagement. Reste qu’elle ne préjuge pas a priori du sens : en offrant au contraire un cadre à sa coproduction, elle en ménage la contingence, en ouvrant l’analyse sur l’incertitude de choix personnels.

L’autonomisation de l’anthropologie clinique

10Les relations de l’anthropologie avec la psychologie mêlent fascination et réticence. Saisie par l’ultra-clinique psychanalytique, l’ethnopsychiatrie de Georges Devereux [23] étudie, en rapport avec la culture, les désordres psychiques, les techniques de soin propres, et même les systèmes d’interprétation de la vie psychique – l’ethnopsychanalyse désignant plutôt sa méthode. La défamiliarisation (dans l’étude de la cure chamanique d’un indien Mohave) cherche à éviter l’écueil du relativisme culturel, et privilégie une thérapie fondée sur l’aperçu que le patient a de sa propre condition (insight). L’intrication d’un psychisme humain universel et de la spécificité « culturelle » explique les refoulements forgeant les traits de personnalité communs aux membres d’un même groupe. Mais cette théorie complémentariste, si elle témoigne d’un souci du trait singulier de chaque cas, en affirmant à la fois l’autonomie absolue des discours (psychologique, ethnographique) et leur interdépendance, court parfois le risque d’une lecture relativiste, et néglige trop l’importance du travail en équipe pluridisciplinaire. À l’opposé, Ignace Meyerson développe une anthropologie psychologique sans clinique, à partir du résultat des conduites (les œuvres humaines [24]). Il soutient que la psychologie ne doit pas se limiter à examiner les faits et les facultés les plus simples, se prêtant à l’application des méthodes des sciences physiques, mais étudier les réalisations humaines complexes (langues, mythes, religions, arts, sciences), dont l’histoire éclaire l’édification des fonctions psychologiques. Toutefois, cette ambitieuse approche reste une psychologie impersonnelle, en dépit de son orientation historique (documentée) et comparée (casuistique). Entre ces deux extrêmes, il y a logiquement place pour une alliance clinique plus mesurée de l’anthropologie et de la psychologie : une telle combinaison ne se réduit pas à une anthropologie de la santé (description ethnomédicale des techniques de soin, oubliant que tout modèle de santé exprime une idéologie [25]), et peut prendre une double forme.

11(i) Le terme a d’abord été revendiqué dans le sillage du programme d’extension de la démarche de la psychologie clinique à toutes les sciences humaines. L’épistémologie de la psychanalyse permet de problématiser la notion de culture, trop souvent entendue comme un modèle stable, par exemple en étudiant les incidences psychiques des violences du politique, des ruptures de l’histoire (Fanon), des exclusions et des désaffiliations chez le sujet, ou en analysant la transmission inter-générationnelle du psychisme [26]. Le projet s’autorise de l’ambition anthropologique originelle de la psychanalyse, qui s’est aussi intéressée au psychisme collectif (groupes institués, foules, masses) : l’inconscient étant une réalité intime mais aussi transindividuelle, l’étude des structures anthropologiques débouche légitimement sur la question du lien social et du politique. On ne saurait donc rabattre l’anthropologie sur la science du collectif et la psychanalyse sur la pratique de l’individualité. Pour éviter le risque que le clinicien ne plaque sur le patient des représentations culturelles issues du champ ethnologique ou que l’ethnologue dénie la place des fantasmes dans telle ou telle formation culturelle, il faut prêter attention à complexité des métissages. C’est le sens de la « clinique de l’exil », qui ne prétend pas imiter le rituel de la culture d’origine, mais comprendre un imaginaire collectif pour aborder la spécificité du patient et la réalité de ses fantasmes (ainsi que leur transmission [27]). La méthode évite les écueils de la psychiatrie transculturelle et du relativisme culturel parce qu’elle vise toujours la singularité du sujet souffrant, dans sa variation. Cette démarche interculturelle rigoureuse étudie de façon souple les nouages et fractures entre identité et altérité, contre toute fétichisation de l’origine. La clinique n’est donc pas une sous-discipline de l’anthropologie (à côté de l’anthropologie sociale, culturelle, religieuse, etc.) : elle examine de façon critique et individualisée les catégories existentielles, notamment les fictions identitaires, « qui se révèlent dans les grande déchirures d’une vie singulière comme d’une vie collective », à rebours de toute vision abstraite, neutre et asexuée de l’humain [28].

12(ii) Dans une tout autre perspective, l’anthropologie clinique désire mettre une interdisciplinarité cohérente au service d’une psychiatrie humaine et scientifique. On part alors d’un constat de crise de la psychopathologie contemporaine, écartelée entre les tendances contraires de la naturalisation de l’esprit et du constructionnisme social [29], dont découlent plusieurs maux : dérive de la clinique (divisée en spécialités difficiles à articuler, repliée sur les fonctions au détriment du sens, privilégiant le contrôle et l’évaluation aux dépens de l’expérience du sujet souffrant), régression scientifique (orientation positiviste des sciences humaines, tendances neuroscientifiques), risques politiques (individualisation croissante du rapport à la maladie, atomisation du social, efforts pour influencer l’action publique). Le défi consiste alors à inventer une psychiatrie spécifiquement humaine, articulée aux sciences naturelles, mais sans réductionnisme (neurologique, nosographique, pharmacologique, etc.).

13(1) Celle-ci se construit dans un rapport circulaire entre clinique et anthropologie symbolique. Jacques Schotte a contribué à élaborer une psychiatrie à la fois humaine et rigoureuse [30]. Retenant de Freud les idées de pulsion et de lien dialectique entre pathologique et santé, et de Viktor von Weizsäcker la dimension passionnelle et critique de tout être humain, son anthropopsychiatrie prolonge le travail de Binswanger par un effort nosologique (dépasser les classifications basées sur des symptômes saisis sans relation entre eux) et épistémologique (se définissant dans sa spécificité propre, au lieu de n’être qu’un amas désordonné de disciplines) – d’où son effort pour construire une science clinique de l’homme, qui tienne compte de l’originalité de son objet (la « différence anthropologique »). Le cadre retenu reste toutefois limité par son ancrage exclusivement psychanalytique et phénoménologique. Il convient donc de le compléter par une anthropologie sémiotique [31], travaillant à la croisée des sciences de la culture et des sciences cognitives, et prenant en compte le rôle instituant des signes dans les échanges sociaux (la cognition est dite « culturalisée »). L’anthropologie étudie alors les modalités d’institution, par les transactions et habitus du groupe, de valeurs collectives (sociales, esthétiques, religieuses, scientifiques ou techniques). La dimension organique du corps est aussi intégrée dans la perception, sous la forme du corps propre, qui est lui-même sémiotiquement traversé. Le concept d’économie symbolique permet de conjoindre les dimensions pratiques et fictives (voire mythiques) des interactions sociales, la ritualisation des conduites allant de pair avec la formation de schèmes sémiotiques. Cette perspective présente l’avantage épistémologique d’associer neurosciences et sciences cognitives, combinant langage, pratiques sociales, techniques et éthique, comme le montrent les analyse de la synesthésie et de la voix intérieure [32].

14(2) Le paradigme de l’anthropologie clinique instaure un dialogue interdisciplinaire effectif [33], pour trois raisons.

15(a) Il permet d’abord de penser la continuité du biologique au social. La notion de forme symbolique articule en effet les pathologies mentales à tous les niveaux de leur fonctionnement (neuro-biologique, pulsionnel, cognitif, socio-culturel), et permet des interventions cliniques qui respectent l’univers singulier des personnes, en intégrant les aspects anthropologiques qui les déterminent.

Tableau récapitulatif des caractéristiques de l’anthropologie clinique

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Tableau récapitulatif des caractéristiques de l’anthropologie clinique

16Au niveau sémiotique, le monde ambiant comprend les formes symboliques qui médiatisent les sensations dans différents domaines : la langue et son expressivité idiomatique, et toutes les activités artistiques qui, à leur tour, créent des sensations, permettant l’accès au sens par l’expression du ressenti ; le champ sujet-objet constitue une dialectique à laquelle les techniques donnent accès ; celui des normes règle le rapport au désir, au possible, au souhaitable et à l’interdit (y participent la négation linguistique et, indirectement, l’art et les sciences) ; le champ de la personne comprend les usages littéraires (narration) et les systèmes de parenté. Le niveau somato-neuro-psychique correspond à ce que l’anthropologie sémiotique exprime en terme d’incarnation de la sémiose et l’anthropopsychiatrie de vecteurs pulsionnels : l’attachement définit l’occupation psychique du monde (progressivement thématisée par réflexion après l’indistinction du nourrisson entre le dedans et le dehors) ; la polarisation structure la différenciation progressive entre soi et non soi, tout comme l’inhibition (l’enfant découvre qu’il est habité par un monde interne et devient capable d’imitation différée, d’intentions partagées, de dissimulation) ; le Soi-identité construit des récits autobiographiques, à partir d’interactions vécues, en fonction d’expériences passées ou à venir (outre le monde fantasmatique intervient la relation dialogique à l’adressataire du récit). Ce cadre théorique renouvelé permet d’élaborer des connaissances spécifiquement humaines compatibles avec les sciences naturelles et cognitives : contre l’approche néopositiviste par fonctions, qui fragmente les théories et pratiques psychothérapeutiques (réduisant la souffrance vécue à des champs spécialisés), il ancre toute recherche clinique dans le sol de l’expérience humaine, et fait du pathologique une source privilégiée de connaissances. Les faits cliniques y sont inséparables de leur ancrage culturel et social, dont la clause ceteris paribus ne saurait faire abstraction : si la souffrance existe dans toutes les sociétés humaines, elle se manifeste sous des formes variées, et les moyens thérapeutiques pour la prendre en charge diffèrent également, comme l’attestent les aspects symptomatiques émergents [34]. L’articulation effective des multiples approches cliniques (neurobiologique, pulsionnelle, langagière, cognitive, comportementale, relationnelle, socioculturelle) permet enfin de dépasser certaines oppositions trop rigides (corps/esprit, neural/psychique, dedans/dehors, individu/système, conscient/inconscient, etc.), grâce à la confrontation épistémologique qui distingue les différentes dimensions sans les disjoindre, pour ne pas mutiler les phénomènes considérés.

17(b) L’anthropologie clinique aide aussi le clinicien à mieux analyser ses patients, par une meilleure intelligence des nouage du corporel, du psychique, du social et du culturel dans l’individu souffrant. Comme le soulignent les travaux sur les maladies sociogéniques [35], le malade exprime une pathologie conforme au répertoire disponible dans sa culture, en improvisant. L’anthropologie clinique prend en charge ces variations : grâce aux vecteurs pulsionnels, elle relie la dimension culturelle (symbolique), dans sa variété, avec les manifestations pathologiques saisies dans une structure qui intègre les quatre formes cliniques fondamentales. De sorte qu’elle prétend résoudre le problème diagnostique : au lieu de multiliplier sans fin les critères nosographiques ou de chercher l’unité d’une structure, elle privilégie un système ouvert qui permet de se repérer de façon précise et dynamique à partir d’un nombre limité de problématiques humaines. Par quoi elle reste indexée sur les réalités cliniques contemporaines issues des mutations récentes des sociétés occidentales (ou autres), comme les pathologies actuelles de l’autonomie (narcissisme, vulnérabilité à l’abandon, fatigue à devoir être soi [36]).

18(c) L’anthropologie clinique est enfin particulièrement apte à saisir la nature et les modalités de l’intériorité psychique au sein des conduite humaines, dont les faces publiques et privées sont distinctes mais indissociables. La dimension collective des formes symboliques, qui noue de façon inextricable donation de sens et socialité, transparaît dans l’intrication du pulsionnel et du fantasme. Les mythes sexuels infantiles sont revisités à la lueur d’une nouvelle théorie de la narration : d’abord conglomérat de sensations, de paroles et d’excitations, liées à des mots-clefs, le mythe va ensuite se structurer par la production de fictions, grâce à l’imaginaire et la constitution de soi dans le miroir [37]. L’intériorité psychique est pensée de façon sémiotique et dialectique, à l’intersection du mythe et du langage, mais au niveau individuel : c’est l’assimilation des opérations extérieures par transformation (la « voix intérieure ») qui attribue graduellement des significations internes aux mots. En ce sens, le mythe magico-sexuel fonctionne pour l’enfant comme une forme symbolique singulière dont il croit qu’elle vaut aussi pour tous (les mythes familiaux sont des formes génériques).

Conclusion

19Cette traversée de la psychologie, de la sociologie et de l’anthropologie aura mis en évidence une sourde inquiétude clinique des sciences humaines et sociales, qui ne relève pas tant d’une logique de la spécialisation que d’une inflexion originale de la connaissance. Celle-ci suscite toutefois un certain nombre de perplexités philosophiques. D’abord, l’épistémologie hésite entre métaphysique et gnoséologie : si l’orientation clinique semble privilégier l’étude de l’individu comme unité ontologique, l’unicité mondaine de l’objet paraît en fait importer moins que la méthode qui singularise le savoir, le souci de distinction d’une entité dans son originalité, par opposition (comparaison exclusive) à toutes les autres – par quoi la démarche prétend aussi sans contradiction porter sur des groupes, comme dans la psychologie sociale clinique. Ensuite, animée par un désir d’inférence, jusqu’où la clinique du social va-t-elle dans l’abstraction théorique, et à quelle fin ? La montée en généricité prétend-elle atteindre l’universel ou seulement le général (qui admet des exceptions) ? Et le résultat consiste-t-il en principes ou en règles ? Est-il implicite ou formulé, terminal ou transitoire ? Enfin, quel est exactement le lien à la critique d’un savoir qui se pense souvent comme prolégomène à un souci d’intervention, sorte de scrupule du désir de transformation sociale ? Dans la mesure où le contact avec le singulier règle le rapport à la théorie, qui devient un moyen au service de la description et de l’explication plus fine d’une situation, est-ce à dire que la connaissance clinique constitue la promesse d’une recherche-action faite « par en bas », et non plus décidée depuis une position de surplomb, comme dans l’ingénierie sociale de Le Play, d’inspiration positiviste?

Notes

  • [1]
    X. Aurey, « Les origines des cliniques juridiques », in Cliniques juridiques, vol. 1, 2017 [https://www.cliniquesjuridiques.org/?p=304].
  • [2]
    Faute de place, je ne traiterai pas ici de la « criminalistique » de G. Tarde, ni de ses échos cliniques contemporains.
  • [3]
    C. Revault d’Alonnes, « Psychologie clinique et démarche clinique » (1989), in Douville et Bidault, La Démarche clinique en sciences humaines, Dunod, 2e édition, 1999, p. 17-33.
  • [4]
    F. Giust-Desprairie, « Psychologie sociale clinique », in A. Vandevelde-Rougale et P. Fugier, Dictionnaire de sociologie clinique, Toulouse, Erès, 2019, p. 504-507.
  • [5]
    J. Barus-Michel (1987), Le Sujet social, Paris, Dunod ; J. Barus-Michel, F. Giust-Desprairies, L. Ridel, Crises. Approche psychosociale clinique, Paris, Desclée de Brouwer, 1996; F. Giust-Desprairies, L’Imaginaire collectif, Toulouse, Erès, 2003 ; A. Giami, E. Moreau, G. Domenech-Dorca, « Le conseil en santé sexuelle », in G.-N. Fischer et C. Tarquinio (dir.), Psychologie de la santé : applications et interventions, Paris, Dunod, 2014, p. 83-108.
  • [6]
    J. Moll et M. Cifali, Psychanalyse et pédagogie, Paris, Dunod, 1985 ; J. Moll, La Pédagogie psychanalytique : origine et histoire, Paris, Dunod, 1989.
  • [7]
    M. Cifali et F. Giust-Desprairie, De la clinique. Un engagement pour la formation et la recherche, De Boeck, 2006, introduction.
  • [8]
    Y. Clot, J. Leplat, « La méthode clinique en ergonomie et en psychologie du travail », in Le Travail humain, 2005(4), vol. 68, p. 289-316.
  • [9]
    C. Dejours, « Psychologie clinique du travail et tradition compréhensive », in Y. Clot (ed.), Les Histoires de la psychologie du travail, Toulouse, Octarès, 1996, p. 158.
  • [10]
    Y. Clot et D. Lhuilier (dir.), Perspectives en clinique du travail, Paris, Erès, 2015, notamment p. 169. Y. Schwartz, Expérience et connaissance du travail, 2e éd., Paris, Les Éditions Sociales, 2012 ; Le Paradigme ergologique ou un métier de philosophe, Toulouse, Octarès, 2000. Sur l’importance de la notion d’activité chez Canguilhem, dont s’inspire Schwartz, cf. X. Roth, Georges Canguilhem et l’unité de l’expérience. Juger et agir, 1926-1939, Paris Vrin, 2010.
  • [11]
    Y. Clot, « Le statut de la critique en psychologie du travail : une clinique de l’activité », in Psychologie française, 53, (2008)2, p. 173-193.
  • [12]
    C. Dejours, « La clinique du travail entre vulnérabilité et domination », in Y. Clot et D. Lhuilier, Travail et santé, Paris, Erès, 2010, p. 145.
  • [13]
    Respectivement : N. Elias, Au-delà de Freud. Sociologie, psychologie, psychanalyse, Paris, La Découverte, 2010 ; B. Lahire, Dans les plis singuliers du social : individus, institutions, socialisations, Paris, La Découverte, 2013 ; id., L’Interprétation sociologique des rêves 1 et 2, Paris, La Découverte, 2018/2020.
  • [14]
    L. Wirth, « Clinical sociology », in American Journal of Sociology, 37, 1931.
  • [15]
    C. Girard, « A sociologia clinica no Brasil », in Revista Brasileira de Sociologia, 06(12), jan-abr 2018.
  • [16]
    V. de Gaulejac, « Histoire et enjeux contemporains de la sociologie clinique », in A. Vandevelde-Rougale et P. Fugier, Dictionnaire de sociologie clinique, op. cit, p. 15-30.
  • [17]
    J. Rhéaume, « La démarche clinique en psychodynamique du travail, en psychosociologie et sociologie clinique du travail », in Y. Clot et D. Lhuilier, Agir en clinique du travail, Paris, Erès, 2010, p. 171.
  • [18]
    F. Giust-Desprairies, « La clinique, une épistémologie pour les sciences de l’homme », in Gaulejac et al., La
    Recherche clinique en sciences sociales, Toulouse, Erès, 2013, p. 15-29.
  • [19]
    F. Giust-Desprairie, « La clinique : enjeux d’une position épistémologique », in De la clinique, op. cit., p. 165-186 ; M. Pagès, M. Bonetti, V. de Gaulejac, D. Descendre (dir.) L’Emprise de l’organisation, Paris, PUF, 1979 ; V. de Gaulejac et F. Hanique, Le Capitalisme paradoxant. Un système qui rend fou, Paris, Le Seuil, 2015.
  • [20]
    V. de Gaulejac, « Épistémologie de l’intervention clinique », in A. Vandevelde-Rougale et P. Fugier, Dictionnaire de sociologie clinique, op. cit., p. 252-256.
  • [21]
    D. Faure, « Connaissance clinique » et « Connaître », in A. Vandevelde-Rougale, P. Fugier (dir.), e, op. cit., p. 154-157, et p. 157-160.
  • [22]
    G. Devereux, De l’angoisse à l’extase dans les sciences du comportement, Paris, Aubier-Montaigne, 1998 (1967). J. Favret-Saada, Les Mots, la mort, les sorts, Paris, Gallimard, 1985 (1977).
  • [23]
    G. Devereux, « Argument », in Ethnopsychanalyse complémentariste (1972), Flammarion, 1985, p. 9-21.
  • [24]
    I. Meyerson, Les Fonctions psychologiques et les œuvres, Paris, Albin Michel, 1995.
  • [25]
    O. Douville, Les Figure de l’autre, Dunod, 2014, chap. 1.
  • [26]
    Id., « Histoire et situations contemporaines de l’anthropologie clinique », in Cahiers de psychologie clinique 2013/1, n° 4), p. 217 à 244.
  • [27]
    Id., Les Figure de l’autre, Dunod, 2014, chap. 3.
  • [28]
    Ibid., chap. 9.
  • [29]
    S. Escots et N. Duruz, « Esquisse d’une anthropologie clinique - I. Anthropopsychiatrie et anthropologie sémiotique », in Psychiatrie, Sciences humaines, Neurosciences, 2015/3, vol. 13, p. 27-52.
  • [30]
    J.-L. Feys, L’Anthropopsychiatrie de Jacques Schotte. Paris, Hermann, 2009.
  • [31]
    J. Lassègue, V. Rosenthal, Y.-M. Visetti, « Économie symbolique et phylogenèse du langage », in L’Homme, 192-4, 2009, p. 67-100.
  • [32]
    V. Rosenthal, « Synesthésie en mode majeur. Une introduction », in Intellectica 1-55, 2011, p. 7-46 ; id., « La voix de l’intérieur », in Intellectica, 2-58, 2012, p. 53-89.
  • [33]
    S. Escots et N. Duruz, « Esquisse d’une anthropologie clinique - II. Les comportements psychopathologiques comme formes de vie, pensés à l’articulation du fonctionnement neurobiologique, de l’intériorité subjective et des formes symboliques », 2015/4, vol. 13, p. 41-74.
  • [34]
    C. Melman, L’Homme sans gravité. Paris, Denoël, 2002. C. Melman, La Nouvelle Économie psychique. Toulouse, Érès, 2009. Sur le lien entre pathologie et culture, cf. M. Gauchet, « Essai de psychologie contemporaine », in La Démocratie contre elle-même, Paris, Gallimard, 2003.
  • [35]
    E. Martin, Voyage en terres bipolaires : Manie et dépression dans la culture américaine, Paris, PENS, 2013; P.-H. Castel, L’Esprit malade, Paris, Ithaque, 2009, p. 289-334.
  • [36]
    B. Fourez, « Les maladies de l’autonomie », in Thérapie Familiale, 28-4, 2007, p. 369-389 ; A. Ehrenberg, L’Individu incertain, Paris, Calmann-Lévy, 1995 ; id., La Fatigue d’être soi. Paris, Odile Jacob, 1998.
  • [37]
    S. Mijolla-Mellor, « Les mythes magico-sexuels dans l’imaginaire de l’enfant », in Imaginaire & Inconscient, 7-3, 2002, p. 61-70.