Cosmopoétiques du refuge, cahier iconographique
Photo du tournage de Ganzi, un des trois films de Spectrographies : contes de l’île (é)toilée (2022). Autrice du scénario (trame souple) de Ganzi : Myriam Mihindou (France/Gabon). Au premier plan, une « écorcée ». Costume réalisé par Carole Chausset. Au second plan, Myriam Mihindou, en phase de préparation de sa performance. Commissariat : Dénètem Touam Bona.
Description
Photo du tournage de Ganzi, un des trois films de Spectrographies : contes de l’île (é)toilée (2022). Autrice du scénario (trame souple) de Ganzi : Myriam Mihindou (France/Gabon). Au premier plan, une « écorcée ». Costume réalisé par Carole Chausset. Au second plan, Myriam Mihindou, en phase de préparation de sa performance. Commissariat : Dénètem Touam Bona.
Mémoire de palimpsestes Jack Beng-Thi (Réunion) Bois, fibres végétales, cuir, terre cuite, porcelaine, traces, écritures, arômes. Fragment d’installation. Réalisé en 2021 pour La Sagesse des lianes. Commissariat : Dénètem Touam Bona.
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Triko’d’po’d’ravine Florans Féliks et les femmes du « Ron fanm Kazkabar » (Réunion). Laines, fils, nattes, papier recyclé, bois, terre, roches, cornes, peau. Réalisé en 2021 pour La Sagesse des lianes. Commissariat : Dénètem Touam Bona.
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Souviens-toi Maya Mihindou Réalisation graphique en 2024 pour Éloge de la submersion et illustration de Non-noyées. Leçons féministes noires apprises auprès des mammifères marines de Alexis Pauline Gumbs. (Éditions Burn Août – Les liens qui libèrent, 2024). La mangrove, cette transition continuelle entre mer et forêt, entre eaux douces et eaux salées – ce qu’on appelle un « écotone » – est le territoire chimérique par excellence.
Description
Souviens-toi Maya Mihindou Réalisation graphique en 2024 pour Éloge de la submersion et illustration de Non-noyées. Leçons féministes noires apprises auprès des mammifères marines de Alexis Pauline Gumbs. (Éditions Burn Août – Les liens qui libèrent, 2024). La mangrove, cette transition continuelle entre mer et forêt, entre eaux douces et eaux salées – ce qu’on appelle un « écotone » – est le territoire chimérique par excellence.
L’île de la dette en retour Olivier Marboeuf (Guadeloupe), 2024. Craie sur acrylique bleu outre-mer (6 x 3,5 m). Fragment d’une œuvre réalisée in situ à La Compagnie, lieu de création (Marseille) dans le cadre de l’exposition Éloge de la submersion (2024-2025). Commissariat : Dénètem Touam Bona.
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Tewelwelt Hawad (Sahara, mondes touaregs) : « Dans ma langue, en tamajaght, tewelwelt est un étendard de tissu ou de parchemin sur lequel on écrit un message ; on l’accroche à un arbre ou sur une hauteur pour qu’il flotte au vent. Welwelwel, bruit du vent qui propage l’appel à tout ce qui est perdu ; ce qui a disparu ou ce qui est à venir, multiplication des échos qui relient le proche et le lointain et annulent le temps et l’espace séparant les mondes. Ma tewelwelt est l’aile-voile, barque de nos souffles, qui appelle au ralliement des vents. » Voile de 3m / 7m. Peinture acryliques. Signes tifinagh (alphabet touareg). Réalisé en 2021 pour La Sagesse des lianes. Commissariat : Dénètem Touam Bona. Cette tewelwelt a été reprise comme étendard dans le cadre de l’exposition Éloge de la submersion. Une forme de continuité concrète avec La Sagesse des lianes.
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Tewelwelt Hawad (Sahara, mondes touaregs) : « Dans ma langue, en tamajaght, tewelwelt est un étendard de tissu ou de parchemin sur lequel on écrit un message ; on l’accroche à un arbre ou sur une hauteur pour qu’il flotte au vent. Welwelwel, bruit du vent qui propage l’appel à tout ce qui est perdu ; ce qui a disparu ou ce qui est à venir, multiplication des échos qui relient le proche et le lointain et annulent le temps et l’espace séparant les mondes. Ma tewelwelt est l’aile-voile, barque de nos souffles, qui appelle au ralliement des vents. » Voile de 3m / 7m. Peinture acryliques. Signes tifinagh (alphabet touareg). Réalisé en 2021 pour La Sagesse des lianes. Commissariat : Dénètem Touam Bona. Cette tewelwelt a été reprise comme étendard dans le cadre de l’exposition Éloge de la submersion. Une forme de continuité concrète avec La Sagesse des lianes.
1 Les images présentées dans ce cahier sont tirées de trois projets de création dont j’ai assuré le commissariat. Chacune de ces expériences collectives déploie une « cosmopoétique du refuge ».
2 La Sagesse des lianes (Centre international d’art et du paysage de Vassivière, 2021-2022). Dans cette exposition collective (20 artistes) il s’agissait de mettre en œuvre une forme de marronnage : « sécréter » des refuges par un usage subversif des corps et des territoires. Chacun·e des artistes proposait une variation autour du « lyannaj » (du créole « lyan ») : des pratiques d’alliance et d’improvisation créatrice réactivant les mémoires et puissances de réexistence des mondes afro-diasporiques. La sagesse des lianes ne peut être que « cosmo-poétique » : sans tronc, leur échappée vers les cieux n’est possible que parce qu’elles comptent sur les autres, que parce qu’elles se mêlent aux autres, tout en les entremêlant. C’est ainsi qu’elles trament, furtivement, des cosmos inouïs.
3 Spectrographies : contes de l’île (é)toilée (Centre international d’art et du paysage de Vassivière, automne 2022) Cette œuvre collaborative constitue un parcours filmique et permanent dans le Bois de sculptures de l’île de Vassivière. Je l’ai conçue comme une commémoration des luttes de colonisé·es. Ce parcours invite à plonger dans le Temps du rêve, à la rencontre d’esprits de la Caraïbe, d’Afrique équatoriale et de l’océan Indien venus réenchanter l’île de Vassivière aux côtés d’esprits indociles et païens du Limousin. Trois « cosmogrammes » – des artefacts métalliques évoquant les univers alternatifs des différents esprits – jouent le rôle de sas spatio-temporels : l’activation via un smartphone ou un casqueVR de QR codes inscrits sur ces sculptures métalliques donne accès à des « visions spectrales » ; des performances filmées en réalité virtuelle (VR) mêlant ritualité, danse, musique et chant.
4 Éloge de la submersion (La Compagnie, lieu de création marseillais, 2024-2025). Géosciences et cosmogonies se rejoignent sur ce point : la vie naît d’un déluge, d’une submersion originelle. Célébrer le vivant suppose donc d’en honorer le mouvement premier : un mouvement de débordement qui déjouera toujours nos cadres de pensée, nos frontières dérisoires et cette volonté morbide de tout mesurer, contrôler, prévoir, contenir. Face au « cosmocide » en cours, Éloge de la submersion propose de passer à l’offensive, de riposter à l’offense par une conjuration créatrice : des incantations, des tracés hiéroglyphiques, des gestes travaillant à exorciser les mauvais esprits – ceux du capital et des fascismes – tout en célébrant la vie. Les huit artistes de cette exposition collective (couplée à un petit festival combinant conférences et performances) sont des conjuré·es qui, par leurs créations enchevêtrées, transforment l’espace de la Compagnie en une vaste Zone d’Incertitude Offensive Noire (comme cette « matière noire » insaisissable composant l’essentiel de l’Univers).

